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vendredi 29 mars 2024
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Géniale vocation

Géniale Djazila Attoumani est la principale image du journal télévisé (JT) francophone de Mayotte première depuis plusieurs années. Fin de notre série avec le portrait d’une femme déterminée, en cette “journée internationale de la femme”.

P1050408Géniale a eu très tôt un nom, plutôt un prénom dont on se souvient, elle a aujourd’hui un visage. Ce petit bout de femme filiforme, figure de la télévision à Mayotte, est arrivé à ce rôle à force de travail, d’un joli visage et de bonnes rencontres. “On m’a fait confiance, j’ai aussi eu de la chance d’être là au bon moment.”

Quand elle s’inscrit à la fac, elle a une idée bien précise de ce qu’elle veut faire “quand elle sera grande”. C’est cette détermination, qui va la porter. Sa vocation est viscéralement liée à Mayotte. L’évènement déclencheur, c’est le film Titanic. L’anecdote résonne étrangement avec l’actualité de l’île. Envie d’écrire des articles sur l’épave du célèbre paquebot ? Dénoncer le comportement du capitaine ? Pas du tout. Lors de la projection du film sur le terrain de basket  à côté du conseil général, en lieu et place de l’actuelle salle de cinéma, le film, de plus de trois heures, sera coupé en son milieu. “La deuxième bobine avait été oubliée à La Réunion ! J’ai cherché un moyen d’exprimer ma colère.” La jeune ado prend sa plume et envoie son coup de gueule au journal de l’époque, Kwezi, l’ancêtre de Mayotte Hebdo dans son premier papier, malicieusement intitulé “La bêtise était géniale au CMAC*”, signé Géniale Attoumani.

Alors, ce prénom ? Un poids ou une chance ? D’abord d’où vient-il ? Son père, Nassur Attoumani, écrivain autodidacte, professeur d’anglais et “fierté de la famille pour sa fille, l’a choisi. Son prénom est arrivé comme le lancement du JT, dans un timing précis. Nassur, qui jouait alors au théâtre, a été prévenu d’urgence ce 29 juin 1985. Sa première  fille allait naître. “Dès que mon père est arrivé, je suis sorti du ventre de ma mère. Il a dit “C’est génial ! C’est devenu mon prénom”, rapporte amusée sa fille. Sa mère, première Inspectrice de l’éducation nationale à Mayotte, a voulu ajouter “Djazila” accolé à “Géniale” au cas où je serais un cancre…” “Les gens que je rencontre sont surpris, mais ils s’habituent vite. Avec ce prénom en bien ou en mal, on ne m’oublie pas !”

P1050388Fille d’enseignants, elle aura pu se transformer en pur produit de l’éducation nationale. Le métier de prof, elle y a pensé “vite fait”, mais elle ne l’a jamais envisagé. Depuis l’épisode du cinéma, elle le savait, elle serait journaliste.  Cet objectif qu’elle ne lâchera pas, c’est sans doute la persévérance de sa mère qui a  nourri Géniale dans ses études et sa jeune carrière.
“Elle m’a eue à 24 ans, la même année, elle passait et obtenait son bac en candidat libre”, nous confie Géniale avec fierté.  Institutrice, sa mère s’est formée tout au long de sa carrière. Entre 1994 et 1996, elle emmène son aînée, Géniale et ses deux cadets, à Toulouse pour ses études. Depuis quelques années, elle est  la première mahoraise inspectrice de l’éducation nationale.  “Je suis sûre que bientôt  elle  va faire de la politique, ici tous ceux qui sont déterminés font de la politique, alors pourquoi pas elle !” A bon entendeur. 1994, les premiers pas en métropole, les souvenirs sont météorologiques. “C’est la première fois qu’on avait de la vapeur d’eau qui nous sortait de la bouche ! Ça nous a amusés longtemps avec mon frère.” Elle n’y retournera y vivre qu’après son bac L, en 2003. D’abord une licence d’histoire, pour une base culturelle, puis l’école de journalisme de Nice pour apprendre son métier.

Positive, mais réaliste

Le journalisme est sa vocation, pas son rôle de présentatrice. Géniale Djazila Attoumani voulait faire de la radio, une bonne école pour placer sa voix, mais a su saisir les opportunités. Sa première présentation du JT en février 2011, en remplacement pour la version mahoraise, n’a pas pour autant était une sinécure. “C’était un stress énorme, je croyais que tous les téléspectateurs entendaient mon cœur qui battait la chamade”. Aujourd’hui, elle jongle avec les titres, s’adapte à l’imprévu.  Parce qu’elle croit que tout est possible avec de la persévérance, elle se définit elle-même comme positive, mais réaliste. Ce métier c’est son rêve et elle n’en est qu’au début de sa carrière. “Ça me tente d’aller tenter l’aventure ailleurs. Je peux très bien aller quelque part où je ne connais personne, ça sera  un nouveau challenge.”

Ici, la journaliste au prénom superlatif est connue. Une notoriété qui a parfois son revers. “A Mayotte, on apprend des choses de sa vie que nous même on ne connait pas !”  Alors comme un pied de nez aux rumeurs elle s’est mariée virtuellement avec son compagnon sur le réseau social Facebook. Elle a pris son nom, lui a pris le sien. “Ça fait parler les gens, ça nous a amusés !” Paradoxal, mais elle assume.

P1050392Sa famille aussi parle d’elle et tient une place centrale, c’est probablement pour cette raison qu’elle a d’abord voulu travailler à Mayotte 1ère. Elle n’a pas encore d’enfants, mais l’envisage comme une évidence !
“Une carrière et des enfants ? Bien sûr que c’est possible, il suffit de voir ma mère“. L’émancipation de la femme c’est plutôt sa mère, Géniale a juste eu à suivre l’exemple.

Ses journées sont rythmées par l’actualité.  A 8h30, c’est la conférence de rédaction. Les sujets sont choisis, classés, répartis. La journaliste prépare des sujets, écrits des brèves et prépare ses textes, les “lancements” des sujets diffusés dans le JT, un travail d’équipe au sein de la rédaction de la chaîne.

La journée se termine après la présentation du journal à 19 heures. Barge de 20 heures et retour chez elle, à Cavani. “J’essaye de déconnecter totalement, mais j’ai la vie et les loisirs très classiques d’une fille de 28 ans : ma famille, mes amis, la plage…”

Et, depuis la réouverture du cinéma, elle se fait des toiles. Peut-être verra-t-on prochainement, la deuxième partie de Titanic au cinéma Alpa Joe.

Axel Lebruman

*L’acronyme du service culturel du conseil général à l’époque de Titanic

Géniale en 6 dates :

– 29 juin 1985 : naissance à Mamoudzou

– 1994-1996 : vit à Toulouse avec son frère, sa sœur et sa mère

– 2003 : Baccalauréat L au lycée de Mamoudzou

– 2003-2006 : licence d’Histoire, Montpellier

– 2007-2009 : Ecole de journalisme de Nice

– 2009 : Rejoint Mayotte première

– Février  2011 : Première présentation du JT

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