«Mettre les mamans à l’honneur», c’est la volonté de quelques jeunes habitants de Majicavo Koropa. Ils y sont parvenus.
Les petits ruisseaux font-ils toujours les grandes rivières ? L’action de jeunes adultes de Majicavo qui ont incité leurs mamans à se parer de tous leurs atours le temps d’un concours est-elle un pas vers la restauration de la parentalité ? Elle a en tout cas le mérite d’avoir drainé tout ce que le village compte de jeunes et très jeunes enfants samedi soir dans une ambiance familiale.
Ce que les jeunes nomment «le foyer», et qui n’est en réalité que les restes d’un bâtiment en ruine derrière l’école maternelle avait un look de décor volontairement tendance : projecteurs, lumière disco mobile multicolore, feuilles de palmier tressées, baffles tonitruantes pour un bâtiment minimaliste sans le vouloir…
Il est 20 heures et Moustakim Moussa court partout : «les membres du jury ne sont pas là !» Le président de l’association organisatrice Oulanga Wa Dubaï porte le spectacle sur ses épaules. Les choses s’organisent peu à peu. Les trois groupes qui doivent se produire arrivent tranquillement, les spectateurs sont de plus en plus nombreux, adultes et enfants.
Mais aussitôt commencée, la soirée est interrompue par un acte de vandalisme : le câble électrique est coupé et 22 euros et un téléphone sont dérobés. «La gendarmerie n’a pu se déplacer. Ce sont quatre jeunes que nous connaissons, nous renconterons leurs parents, et sans réparation de leur part, nous déposerons plainte», confie Moustakim Moussa.
Miss maman et ses dauphines, primées
Le câble réparé, la soirée peut se poursuivre avec les groupes de hip hop, dont Jigsawfire tout de rouge vêtus, le «Dix-quinze» de Petite Terre, Master du nord de Bandraboua, «All stars tek» de Koropa et «Garde la pèche» de Kawéni. Les mamans, mortes de trac, leur emboîteront le pas : déhanchés, pas assurés, chorégraphie… «ça fait une semaine que je les fais répéter !» lance Moustakim.
C’est Rifka Attoumani que les quatre jurés désigneront comme Miss Maman, avec Kassida Dalarmé en 1ère dauphine et en seconde Roukia Issouf. La Miss a eu droit à un portable, un salouva et des verres, mais les six participantes ont reçu de cadeaux.
L’entrée était payante, 3 euros, ce qui a permis à l’association de dégager 300 euros de recettes environ, «somme qui nous est demandée pour ouvrir un compte, étape nécessaire pour toute demande d’aide».
Oulanga Wa Dubaï s’est fait connaître en nettoyant la plage des Etoiles et la rivière passant à Bandrajou. «Nous avons programmé un nettoyage à côté du plateau du village», indique Moustakim qui poursuit parallèlement ses démarches de recherche d’emploi.
Une bonne idée qui peut se décliner dans d’autres villages.
Anne Perzo-Lafond
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