27.9 C
Dzaoudzi
vendredi 13 décembre 2024
AccueilSociété"Coup d'achat" des policiers (réactualisé) : deux mises en examen

“Coup d’achat” des policiers (réactualisé) : deux mises en examen

Fait rare, le procureur Joël Garrigue donnait une conférence de presse un samedi, deux jours après le placement en garde à vue de trois policiers de la brigade anticriminalité (BAC) pour leur “coup d’achat” de cannabis. A ses côtés, le commissaire Philippe Miziniak parle d’une « maladresse ».

Joël Garrigue et Philippe Miziniak
Joël Garrigue et Philippe Miziniak

Dimanche à 9 heures: un communiqué est transmis par le Palais de Justice. Dans l’affaire impliquant des policiers métropolitains et locaux, deux ont été mis en examen des chefs de “faux en écriture publique et destruction de preuves”.

Ces deux policiers ont été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer toute activité de police judiciaire (rédaction de procès verbaux), toutes missions opérationnelles de police et toutes missions de voie publique. La troisième fonctionnaire de police à l’encontre de qui aucune infractions pénale n’est susceptible d’être retenue, n’a fait l’objet d’aucune mise en examen.

Les faits ont déjà été publiés par la presse locale : il y a dix jours, une équipe de la BAC a une information sur un trafic de stupéfiants dans leur circonscription. Deux d’entre eux se font passer pour des vendeurs, « une chasse », indique Joël Garrigue. Mais sans en référer à l’officier de permanence, ni au procureur comme le veut la loi.

Une fois le trafiquant interpellé, les trois policiers l’amènent au commissariat. C’est là que des dysfonctionnements sont relevés : sur les circonstances de l’interpellation, mais aussi sur des inexactitudes du procès verbal.

« Un faux procès verbal avec un faux nom de témoin, le véhicule accidenté du suspect, dont ils ont donné une fausse marque, déposé chez lui et non au commissariat, et enfin, son téléphone jeté dans le lagon, ont incité l’officier de permanence à avertir le commissaire Miziniak, qui m’a contacté le lendemain », détaille le procureur.

Pas des policiers « ripoux »

Pour Philippe Miziniak, l'intention était louable au départ
Pour Philippe Miziniak, l’intention était louable au départ

Ce dernier sollicite l’IGPN (Inspection générale de la police nationale), qui place les trois policiers en garde à vue après les avoir entendus. Une information judiciaire est ouverte pour faux en écriture et destruction d’objets pouvant servir de preuve.

Ils sont actuellement placés sous contrôle judiciaire  avec l’interdiction d’exercer leur métier sur la voie publique, « mais non relevés de leurs fonctions », précise le commissaire Miziniak qui demande une enquête judiciaire « en toute transparence, pour confirmer qu’il s’agit bien d’un dysfonctionnement isolé et non généralisé ».

Ce dérapage de trois policiers n’a pas de motivation « crapuleuse », pour le procureur : « il n’y a pas eu volonté de s’enrichir. Ce ne sont pas des policiers “ripoux”, sinon j’aurais demandé la prison. Ils se sont malgré tout comportés comme des délinquants ».

Le trafiquant présumé relâchéEcusson police nationale

Le commissaire Miziniak qui connaît ses hommes qualifie ces faits d’actes de « maladresse, et d’inexpérience » : «sous la volonté de sortir une belle affaire, ils sont restés “dans le tunnel”, ce qui les a incités à prendre de mauvaises décisions, même si l’intention de départ était louable. »

Car les trois fonctionnaires pouvaient difficilement ignorer la procédure, l’un d’entre eux ayant été nommé officier de police judiciaire en avril 2014. Mais il avait été affecté récemment dans le service. La loi sera cependant de nouveau rappelée aux agents, indique le commissaire.

L’un des trois policiers n’est poursuivi qu’au titre de complice. Ils ont reconnu les faits et risquent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, et sur le plan disciplinaire, c’est le Conseil de discipline de la police nationale qui tranchera au regard de la sanction pénale, « la révocation n’est pas écartée ».

Cette affaire n’est pas révélatrice d’un contexte de trafic de bangué en évolution, « nous notons par contre la montée en puissance de cannabinoïdes, “substances chimiques” à Mayotte », révélait le procureur.

Quant au trafiquant présumé, « interpellé irrégulièrement, il sera relâché »… Le contraire de l’effet recherché par les fonctionnaires.

Une affaire qui a des parfums de la méthode de démantèlement de réseau attribuée il y a quatre ans à Mayotte au GIR (Groupe d’intervention régional) en marge de l’affaire Roukia, avec au moins un point divergent : la rapidité de l’enquête et la volonté de communiquer pour contrer toute interprétation.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139520
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139520
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139520
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139520
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139520
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139520
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...