La majorité des leaders du Collectif et de l’intersyndicale ont été clairs, et dans leur communiqué (Lire Compte rendu de la réunion Dembéni du 01 Avril 2018), et dans leurs interventions dans les différents journaux : ils demandent la levée des barrages en raison du début de négociation sur la Plateforme de revendications avec le délégué du gouvernement, et nouveau préfet Dominique Sorain. Conformément à leurs engagements. Or, certains barrages ont été renforcés au contraire, en particulier celui de Longoni, bloquant l’approvisionnement de l’île.
La scission entre les organisateurs de la mobilisation était apparue au grand jour lors de la rencontre avec les élus et le patronat au conseil départemental. Elle s’est accentuée au point que l’un d’entre eux, Rivomalala Rakotondravelo (SNUipp FSU, syndicat des enseignants du 1er degré), s’est démarqué du mot d’ordre de levée des barrages. C’est pourtant de sa boite mail qu’était parti un premier communiqué s’engageant à tout arrêter lors du début des négociations.
Contacté par téléphone, il nous explique n’avoir qu’un rôle passif dans leur maintien, « la base n’était pas d’accord pour lever, je ne pouvais pas les lâcher », alors que ses anciens potes dénoncent une manipulation : « Au bout d’une matinée de discussions éprouvantes à Longoni ce mercredi, nous avions convaincu les mamans que nous n’obtiendrons pas plus en maintenant les barrages. Nous nous sommes quittés sur un accord à midi, mais ensuite, Rivo est arrivé à les retourner en donnant de faux arguments, notamment sur les déclarations du préfet sur le statut de Mayotte. » Un témoin, extérieur à la mobilisation, qui a suivi les discussions en shimaore nous a confirmé la scène, que vient corroborer le reportage diffusé ce mercredi matin sur la radio Mayotte 1ère.
Rivo, lui, proteste : « Les ‘barragistes’ n’étaient pas convaincus qu’il fallait lever, d’ailleurs si j’avais été seul a penser le contraire, je me serais fait exploser. C’est plutôt que certains des leaders ont changé d’avis, comme El-Anziz qui a dit devant le préfet qu’il fallait lever les barrages, pour dire le contraire ensuite à Ngwezi », à Chirongui.
La FSU en soutien
Dans son « accompagnement » des barragistes, Rivo a obtenu l’appui de la FSU qui vient de publier un communiqué (Lire Communiqué FSU Mayotte 4 avril 2018) expliquant que « le mouvement de grève continue et la FSU-Mayotte soutient ses syndicats (SNASUB-Mayotte et SNUIPP-Mayotte) qui poursuivent la lutte ce jour ». L’ambiguïté sur la forme que prend la grève, n’est pas levée : la FSU approuve-t-elle le maintien des barrages comme le fait le SNUipp, ou la poursuite de la grève sous « d’autres formes » comme le demandent les leaders « historiques » ?
Rivo met en avant les engagements de l’Etat sur les reconduites, « elles ont été suspendues ». Tout en convenant qu’il n’est pas du ressort de Dominique Sorain de solutionner une crise diplomatique, il annonce vouloir contacter le préfet, vraisemblablement dans la matinée : « Je vais lui demander de rajouter à ses 6 engagements celui d’assurer à la population de la reprise des opérations d’expulsion dès l’assainissement de la situation diplomatique ».
Pour mémoire, le 4ème point des écrits du préfet « affirme que la lutte contre l’immigration clandestine est une priorité et sera intensifiée conformément aux engagements de la ministre des outre-mer ». (Lire Engagement préfet Dominique Sorain) « J’ai d’autres observations à lui soumettre », rajoute le syndicaliste.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com
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