28.9 C
Dzaoudzi
vendredi 29 mars 2024
AccueilEconomieTsingoni : un budget qui vire au rouge écarlate

Tsingoni : un budget qui vire au rouge écarlate

Si nous nous intéressons au budget prévisionnel 2019 de Tsingoni, ce n’est pas parce que la Chambre régionale des Comptes a livré un sévère rapport, mais parce qu’elle va le faire. D'année en année, la fosse s'est creusée pour le maire. Il compte se rattraper en réclamant les taxes foncières impayées.

Avec prés de 4 millions d’euros de déséquilibre, -2,9 millions d’euros en fonctionnement, et -1 million d’euros en investissement, la commune s’enfonce à vitesse grand V dans un long et ténébreux tunnel.

Car Tsingoni tutoie les déficits depuis plusieurs années déjà. Après un budget laissé en équilibre en 2013 par l’ancien exécutif, avec même un excédent de 300.000 euros, depuis que Mohamed Bacar a pris les rênes, les dépenses ont flambé, dépassant chaque année les recettes. Si la mise en place de la surrémunération des salaires des fonctionnaires à 40% peut au premier regard, expliquer que le chapitre 012 consacré à la mase salariale soit en constante hausse, cela ne tient pas l’analyse. En effet, en 2013, après avoir appliqué les 10% des débuts de l’indexation, la masse salariale était de 3,5 millions d’euros. Or 6 ans après, elle est de 7,4 millions d’euros, c’est à dire qu’elle a plus que doublé, alors qu’elle n’a été réévaluée que de 30% de rattrapage d’indexation.

De plus, lors du conseil municipal du 11 mai 2019, le maire lui-même a constaté le volume gargantuesque de la masse salariale, qui finit par tout engloutir sur son passage : « C’est l’un des postes les plus importants du budget fonctionnement de la commune qui représente 74% du budget. L’année dernière, ce pourcentage était à 69% ». Aboutissant à des dépenses de personnel de 7,38 millions d’euros, « soit une progression de +8% », indique le projet de délibération du budget primitif 2019.

« Le poids du périscolaire », invoqué par le maire

Mohamed Bacar veut récupérer le produit du foncier non payé

En 2017 déjà, le budget étant dans le rouge, le préfet avait saisi la Chambre régionale des Comptes, qui avait livré un rapport sévère. Pointant des insincérités, « non seulement la commune n’a pas respecté son engagement de résorber son déficit sur l’exercice 2016, mais elle a tenté d’en dissimuler le montant lors de la présentation du compte administratif». Le niveau de la masse salariale était déjà qualifié d’ « insoutenable ».

Pour trouver de l’argent, pas beaucoup de solutions, et à l’époque, préfecture et CRC avait préconisé de taper un peu plus les contribuables au portefeuille, en relevant le taux d’imposition du foncier à 35%, aussitôt rabaissé à 15% par le maire.

Depuis le budget « insincère de 2016 », pas grand chose a évolué. Si ! Le déficit s’est creusé, traduisant l’absence de mesures de la part du contrôle de légalité de la préfecture. Parmi les pistes qui se présentent à elle, la mise sous tutelle de la commune est une des possibilités.

Nous avons contacté Mohamed Bacar, qui ne semble pas abattu par la situation. Qu’il met sur le compte de la concordance de deux facteurs : « La mise en place du lourd dispositif de rythme scolaire, avec la construction de deux réfectoires pour les repas chauds des enfants, et le recrutement des animateurs périscolaires. » A notre interrogation sur l’utilisation des fonds de soutien alloués par l’Education nationale au dispositif, le maire les juge insuffisants, « 220.000 euros, cela ne couvre pas les dépenses. Nous avons dû créer une Caisse des écoles avec un budget annexe dédié, qui devrait nous soulager financièrement »

Le maire de Pointe à Pitre menacé de révocation

“Il faut du personnel pour faire tourner nos 4 MJC”, se défend le maire

Le second poids « évitable » pour lui, c’est le double financement de la collecte des déchets : « Même si nous l’avons fait avec retard, nous cotisons chaque année au syndicat SIDEVAM incompétent, qui nous oblige à avoir en parallèle un service de collecte communal. »

Rythmes scolaires et propreté urbaine, deux services auxquels il impute sa massive masse salariale, « et notre déficit de 1,10 million reporté d’une année sur l’autre. » Également avancé, “le personnel nécessaire à foire tourner nos 4 MJC”.

Pour s’en sortir, pas de miracle, il faut trouver des recettes supplémentaires, « ou sans doute, se serrer la ceinture ». Prenons la première hypothèse, c’est plus sûr. C’est le foncier qui est visé : « Nous allons chercher les taxes foncière bâtie et non bâties, non versées. Nous allons par exemple la réclamer au conseil départemental, ainsi qu’à la SIM qui possède un large parc, et qui ne la paie pas. Il paraît même que l’on peut le faire de manière rétroactive »… L’élu rencontre la direction des Finances publiques mercredi.

S’il dit vouloir arriver à une situation « stable », avant la fin de mon mandat, « il faut qu’on arrive à payer les syndicats intercommunaux », il ne vise pas la lune, « à moins d’un million d’euros de déficit ».

Une volonté tardive de redresser la barre. Attention de ne pas se retrouver dans la situation d’un autre maire de DOM, celui de Pointe à Pitre, Jacques Bangou, qui s’est vu notifier une procédure de révocation il y a 10 jours pour mauvaise gestion de sa commune, initié par le préfet de Guadeloupe. Le rapport de la CRC avait évoqué un déficit structurel grave et une situation financière risquant « à brève échéance de ne plus pouvoir être redressée », ainsi que nombre « d’insincérités budgétaires »…

Anne Perzo-Lafond

Anne Perzohttps://lejournaldemayotte.yt
Anne PERZO Le journal de Mayotte https://lejournaldemayotte.yt

Comments are closed.

RESTONS EN CONTACT

Inscrivez-vous à la lettre d'information du JDM afin de garder en oeil sur l'actualité mahoraise

L'actualité

AVIS DE CONSTITUTION AUTO SHOP 976

139522
  Par acte SSP du 14/09/2022, il a été constitué une SAS dénommée : AUTO SHOP 976 Siège social : 25 Rue Bahoni 97615 Pamandzi Capital :...
+26
°
C
+27°
+24°
Mamoudzou
Samedi, 04
Dimanche
+25° +24°
Lundi
+25° +24°
Mardi
+25° +24°
Mercredi
+25° +24°
Jeudi
+25° +24°
Vendredi
+25° +24°
Prévisions sur 7 jours
Campagne, politique, Mayotte

Tribune – De l’art du discours à la formule

139522
Qui pour relever les défis de nos grands orateurs du passé ? Peu de noms émergent de la tribune de Madi Abdou N'tro, voire aucun, sur les dernières campagnes, laissant sans doute "un sentiment d'imposture" chez les électeurs

Départementales Sada : remaniements en vue au conseil départemental

139522
L’issue du scrutin a parlé : c’est donc le binôme Soula Saïd Souffou/Mariam Saïd Kalame qui intègre les bancs de l’assemblée départementale. Ce qui implique des réélections au menu du conseil départemental les jours prochains. Avec l’éventualité d’une refonte complète des vice-présidences, comme nous l’expliquons

Départementales partielles : Soula S. Souffou et Mariame S. Kalame élus avec 52,26% des voix

139522
Ils étaient en tête au premier tour, et ont creusé l’écart à l’issue du second : le binôme surprise Souffou/Kalame qui n’était pas présent sous cette configuration en 2021, est le nouveau duo d’élus qui intègre le conseil départemental.
Comores, Azali Assoumani

Comores : un ténor de l’opposition appelle à une désescalade politique

139522
L’ancien gouverneur de la Grande-Comores, Mouigni Baraka Said, estime qu’il est temps de dialoguer avec le président Azali Assoumani dans l’intérêt du pays et de la population. L’homme politique se reconnait toujours dans l’opposition mais s’oppose toutefois à "ces querelles sans fin et sans véritable perspectives de sortie de crise". Une démarche mal digérée par les autres opposants qui refusent tout dialogue avec le président Azali Assoumani depuis son élection le 24 mars 2019.
Départementale, Sada, Mayotte

Départementales partielles à Sada : Saïd Souffou-Mariam Kalame en tête

139522
Le 1er tour de l'élection partielle des conseillers départementaux du canton de Sada se tenait ce dimanche 25 septembre. Le canton est toujours scruté de prés pour être l'un des épicentres politiques locaux. Les élections...