Ibrahim Aboubacar, député de la 2e circonscription de Mayotte, a posé une question à Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, ce mardi matin à l’Assemblée nationale, à propos de la profanation de la mosquée du vendredi de Labattoir le 1er janvier dernier.
Voici ci-dessous, la transcription de la question du député et la réponse du ministre de l’intérieur.
Vous pouvez aussi consulter la vidéo de cette question sur la page Facebook du député.
Ibrahim Aboubacar :
“Monsieur le Ministre,
Sur fond de montée d’actes de délinquance et d’incivilités qui émaillent l’actualité dans le Département de Mayotte depuis quelques années, un événement ignoble s’est produit dans la nuit du 31 décembre 2013 au 1 er janvier 2014 et ne cesse d’émouvoir la population de l’île.
Il s’agit de la profanation de la Mosquée du Vendredi du village de Labattoir par un couple de militaires au moyen d’une tête de porcelet.
Cet acte, qui est une première dans l’île, a ému l’ensemble des musulmans vivant sur le sol mahorais, qui ont d’ailleurs manifesté leur indignation et leur colère par deux manifestations pacifiques les 4 et 12 janvier dernier.
Une délégation d’autorités religieuses s’est déplacée en métropole la semaine dernière, du 30 janvier au 5 février, pour venir dire aux hautes autorités de l’Etat, et au-delà, la colère des musulmans de l’île, habitués qu’ils sont à la tolérance religieuse, face à cette profanation.
Les auteurs de celle-ci ont été identifiés, mais les complicités éventuelles, passives ou actives, préalables – de ceux qui ont su sans empêcher- et postérieures- de ceux qui ont pris connaissance en essayant de cacher-, restent à déterminer.
La population attend l’action de la justice qui se prononcera le 26 février prochain, mais également une réaction ferme des autorités de l’Etat face à cet acte islamophobe : votre parole Monsieur le Ministre est attendue par la population de Mayotte.”
La réponse de Manuel Valls :
«Vous avez raison d’insister sur ce qui s’est passé le 1er janvier dernier, la profanation de la mosquée de Labattoir, une tête de porc a été déposé devant l’entrée de la mosquée de cette commune et par la voix du préfet Jacques Witkowski, l’Etat a immédiatement condamné cet acte et s’est joint à l’émotion de la population mahoraise, quelques soient d’ailleurs les origines.
J’ai entendu l’émotion des Mahorais. J’ai été saisi par les élus de Mayotte, je pense particulièrement à votre collègue sénateur Thani Mohamed Soihili. Une délégation, vous l’avez rappelé, comprenant notamment le porte-parole des Cadis de Mayotte a été reçue par mon cabinet. J’ai pu m’entretenir avec elle quelques instants. Je leur ai dit que quand je me rendrai dans quelques semaines à Mayotte, j’aurai l’occasion de me rendre sur le site de cette mosquée, pour marquer l’indignation de la République et je veux affirmer de la manière la plus solennelle, que le gouvernement condamne toutes les atteintes aux lieux de cultes, quelles soient symboliques ou matérielles.
Le gendarme maritime impliqué a été muté immédiatement et fait l’objet d’une sanction addministrative très lourde de la part du ministère de la défense qui son autorité d’emploi. Cette sanction disciplinaire est naturellement totalement indépendante des sanctions pénales qui pourraient être prononcées à l’issue de l’audience prévue le 26 février.
Laissons la justice de notre pays travailler, et je ne doute pas de la nécessité de condamner avec la plus grande fermeté ces actes.
Monsieur le député, l’Etat entend les Mahorais. Et lorsqu’on s’en prend aux fidèles d’un culte, on s’en prend à leur dignité, lorsqu’on s’en prend à une église, un temple une mosquée, une synagogue, on s’en prend à la République. Et cela est vrai à Mayotte comme sur tout le territoire national.
Et permettez-moi de la souligner, c’est encore peut-être plus vrai à Mayotte, tant il y a une volonté de dialogue, d’apaisement, de concorde qui est la réalité de ce qu’est l’islam sur votre territoire, ce territoire de la République.
Soyez assuré, de l’engagement du gouvernement à combattre tous ces faits et de sa place aux côtés des Mahorais heurtés et meurtris par ce geste indigne.»
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