A son tour, le Syndicat de la magistrature condamne “très fermement” les “décasages”, qui “visent directement et nommément les individus d’origine comorienne, accusés d’être les seuls responsables des occupations illicites de terrains et de l’augmentation actuelle de la délinquance sur l’île.”
Il rappelle que de tels comportements sont susceptibles de constituer des infractions sous la qualification de destructions ou dégradations de biens, en réunion, aggravées par le fait qu’elles sont commises en raison de la nationalité comorienne supposée des personnes, “infraction très sévèrement réprimée par le Code pénal.”
Le syndicat dénonce la position des élus, plus particulièrement “de certains élus locaux (qui) cautionnent ces actions en refusant de laisser revenir chez eux les décasés, y compris ceux vivant en situation régulière sur le territoire national.”
Des prises de position qui se multiplient d’autant plus que les décasés dorment toujours sur la place de la République: “un campement de fortune” qui est “l’illustration criante du fait que cette violence privée ne règle en aucun cas les difficultés de Mayotte. Les cent cinquante à deux cents personnes qui y vivent doivent très vite retrouver un toit dans le département. Déplacer les difficultés ne signifie pas qu’elles sont résolues. Au contraire.”
Malgré tout, les magistrats membres du syndicats soulignent leur compréhension de “l’exaspération des habitants de Mayotte face aux tensions actuelles, colère attisée par l’insuffisance des réponses et des moyens accordés par les collectivités territoriales et l’État pour y remédier. Il ne peut cependant accepter que des personnes soient ainsi chassées de terrains, même occupés illégalement, sans recours à des procédures légales. Ces actions sont encore plus choquantes lorsqu’elles aboutissent à priver de leur droit au logement des ressortissants comoriens en situation régulière ainsi que des français.”
Le Syndicat de la magistrature appelle les citoyens français de Mayotte à respecter les valeurs pour lesquelles ils ont opté en choisissant de constituer un département français par l’arrêt immédiat des décasages. Il demande à l’État, à court terme, de tout mettre en œuvre pour empêcher ces comportements contraires aux lois de la République et, à moyen et long terme, de reprendre l’initiative afin de ne laisser aucune place à la justice privée.
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