Saïd Omar Oili, dans son bilan de président de l’Intercommunalité de Petite Terre, la semaine dernière, avait attaqué le blocage foncier de la construction de la 3ème retenue Collinaire, qu’il imputait aux propriétaires, “une très grande famille”, visant la famille Bamana. Des propos que nous avions repris. Celle-ci se défend.
La 3ème retenue collinaire doit permettre à Mayotte de bénéficier d’une réserve d’eau supplémentaire. Les blocages fonciers avaient paru être résolus par une première signature avec la famille Bamana en février 2017, au point où le président du Syndicat des Eaux, Mouhamadi bavi, avait débouché une bouteille de champagne. Mais peu de temps après, en juin 2017, il déchantait, et annonçait qu’une Déclaration d’Utilité Publique (DUP, expropriation), allait être prise par le préfet contre les propriétaires, ” On en a marre, rien n’avance !”, lâchait-il. C’est cette information qu’a reprise Saïd Omar Oili dont nous nous sommes fait écho, ainsi que nos confrères de la presse écrite.
Depuis cette annonce d’une DUP, plus aucune nouvelle. Dans leur droit de réponse, les membres de la famille Bamana accusent à leur tour, “le secret qui entoure la procédure administrative fait peser une chape de plomb sur l’avancement du projet, ce qui suscite des inquiétudes légitimes de la part des familles sollicitées”.
A la lecture de ce courrier ci-dessous, Saïd Omar Oili nous a indiqué : “Si mes propos ont pu heurter certains, dont la famille Bamana, je leur présente mes excuses sincères”.
Droit de réponse
Projet de retenue collinaire d’Ourovéni
“Saïd Omar Oili ou le courage de la calomnie !”
Dans un article intitulé « Saïd Omar Oili cultive le « courage politique » lors du rapport d’activité de l’interco de Petite Terre », signé par Anne PERZO, publié le 15 novembre 2018, nous avons relevé cette phrase qui met en cause nommément la famille de feu Younoussa Bamana dans la gestion du projet de construction de la retenue collinaire d’Ourovéni.
Je cite : « Il faut que les élus aient le courage politique d’exproprier avec une Déclaration d’Utilité Publique, quand on en a besoin pour un projet d’intérêt général. » Une éventualité qui avait été brandie pour la 3ème retenue collinaire d’Ouroveni du temps du préfet Veau, « mais parce qu’il appartient à une très grande famille (Bamana, ndlr), nous en sommes au point de départ, avec une possible nouvelle pénurie d’eau ! »
En citant le nom de l’ancien président du Conseil général de Mayotte, disparu en 2007, votre journal porte atteinte au patrimoine de la famille Bamana, propriétaire par héritage d’un terrain convoité par les pouvoirs publics.
Ce terrain fait l’objet de négociations foncières conduites par le SIEAM, sous l’autorité de l’exécutif du Conseil départemental qui a confié au syndicat la délégation de service public pour la réalisation de la retenue collinaire. Il est donc odieux et pour le moins tendancieux de suggérer dans votre article que la famille Bamana blogue la procédure de déclaration d’utilité publique sur ce dossier qui concerne plusieurs familles, en attente de décisions administratives depuis plusieurs années.
Monsieur Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi-Labattoir, président de l’Association des maires de Mayotte et président de l’Interco de Petite-Terre laisse entendre que la famille Bamana serait responsable d’une possible « pénurie d’eau ». Cette déclaration est irresponsable et diffamatoire. La famille Bamana dénonce ces propos calomnieux qui relèvent de l’ostracisme et de l’abus de pouvoir. Elle s’élève avec indignation contre ces affirmations mensongères rapportées imprudemment par votre journal.
Où est le courage politique quand un élu profite de l’autorité conférée par un mandat politique pour se livrer dans la presse à des attaques personnelles à l’encontre de citoyens irréprochables ? Sa position privilégiée n’autorise nullement Monsieur Saïd Omar Oili à mettre en cause la probité de toute une famille et ses droits constitutionnels !
A travers votre publication, les héritiers du défunt Bamana sont dangereusement exposés à la vindicte populaire. Pourtant, leur loyauté ne peut être niée puisqu’ils ont consenti à céder 15 ha pour permettre la construction de la retenue collinaire. Cet esprit patriotique mérite d’être reconnu à sa juste valeur. Faut-il rappeler que le président Younoussa Bamana, de son vivant, avait cédé à la commune de Kani-kély une parcelle de son héritage pour bâtir un établissement scolaire et une Maison des jeunes et de la culture (MJC de Kani-bé). Cette cession a été faite avec l’accord de ses enfants, ce qui montre bien leur volonté de contribuer au développement de Mayotte, au bien-être de la population et à l’épanouissement de la jeunesse mahoraise.
Ce geste désintéressé caractérise le sens de l’intérêt général, principe de droiture auquel la famille Bamana est intimement attachée. Cet exemple suffit à démontrer que les déclarations arbitraires cautionnées par votre journal sont honteuses de la part d’une personne dépositaire de l’autorité publique. Ces paroles sont infamantes et pernicieuses, elles sont préjudiciables à des ayant-droit qui ne demandent qu’à jouir paisiblement de leurs biens fonciers et immobiliers tout en participant à la concrétisation d’un projet utile à l’ensemble de la communauté mahoraise.
Est-il besoin de rappeler ici que la propriété privée est un droit consacré par le Code civil et par la Constitution de la République française ? En publiant des allégations sans fondement votre journal se rend complice d’une grave accusation, dénonciation proférée volontairement dans la seule intention de nuire. Vous commettez en outre une faute professionnelle car vous n’avez pas jugé utile de contacter la famille Bamana afin qu’elle puisse exprimer un avis contradictoire et défendre son patrimoine assujetti aux impôts fonciers qu’elle paie malgré les contraintes légales qui rendent impossible l’exploitation du domaine agricole. En effet, les complications administratives liées aux travaux de l’ouvrage hydraulique découragent toutes initiatives économiques avantageuses pour la famille (projets de coopérative agricole et gîte rural en stand by).
Sauf erreur de notre part, la gestion du projet de construction de la retenue collinaire d’Ourovéni est de la seule compétence du SIEAM. Si d’aventure la délégation de service public venait à être retirée au syndicat pour cause de défaillance, il conviendrait d’en informer les familles concernées de manière officielle. Ce dossier relève du domaine public. Il doit donc être traité dans la transparence. Il est parfaitement anormal qu’il soit géré de façon confidentielle. Le secret qui entoure la procédure administrative fait peser une chape de plomb sur l’avancement du projet, ce qui suscite des inquiétudes légitimes de la part des familles sollicitées et autorise par ailleurs toutes les spéculations erronées. Les propos impardonnables relayés sans vérification par votre journal en apportent la preuve.
Sauf information contraire aux usages administratifs, Monsieur Saïd Omar Oili n’a aucune compétence pour décider des prérogatives confiées au SIEAM relativement à ce dossier. Il n’a pas non plus qualité pour s’exprimer en son nom. C’est donc pour des raisons personnelles et pour servir ses intérêts électoraux que cet individu s’érige en donneur de leçon sur un projet instruit par le SIEAM, au risque d’alimenter les appels à la haine contre des personnes innocentes.
Voici un élu qui demande aux pouvoirs publics d’exproprier la famille Bamana, alors que la retenue collinaire aurait pu être réalisée dans sa configuration initiale sous son mandat à la tête de la Collectivité départementale de Mayotte, sur une superficie de 7 ha, dont 5 ha cédés par feu Younoussa Bamana. A quoi ont servi les financements qui étaient inscrits pour réaliser le projet ? Saïd Omar Oili, ancien président du Conseil général, doit s’expliquer sur ce sujet. Faut-il rappeler qu’il a été mis en examen pendant son mandat pour malversations financières, gestion de fait et prise illégale d’intérêt ? Sa relaxe par le tribunal sur des faits présumés constitutifs du délit de corruption passive n’abuse personne.
Dans sa déclaration insensée, Saïd Omar Oili pousse l’Etat à accaparer notre terre. Il commet délibérément, par des rumeurs savamment distillées dont votre journal se fait l’écho, une injustice flagrante. Non seulement notre propriété est gelée, quasiment mise sous séquestre en raison d’une déclaration d’utilité publique, donc rendue inexploitable par les ayants-droit, mais la famille Bamana est victime d’un acharnement administratif.
Dans la mesure où les propos publiés dans votre journal sont susceptibles de déchaîner les passions contre elle, la famille Bamana use par la présente de son droit de réponse ; elle demande à Monsieur Saïd Omar Oili de formuler dans vos colonnes des excuses publiques. Elle tient également à votre disposition tous les éléments du dossier en sa possession, pièces qui vous permettront de mener une enquête objective sur les incohérences avérées et procédés douteux qui freinent la mise en œuvre du projet. L’investigation prouvera sans conteste que le problème de retard de démarrage du chantier de la retenue collinaire d’Ourovéni se situe à un niveau politique et administratif, et que Monsieur Saïd Omar Oili s’en prend à tort à des héritiers potentiellement spoliés par la puissance publique.
En tout état de cause, compte tenu du caractère nuisible et malveillant des propos publiés dans votre journal, la famille Bamana se réserve le droit de porter plainte contre l’auteur des insanités pour abus de pouvoir, diffamation, calomnie, atteinte à l’honneur et harcèlement moral.
Zaïdou Bamana
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