Rédigée par 12 signataires, une lettre ouverte intitulée « Des indigènes de la République française originaires de Mayotte en réponse à la lettre ouverte du 18 novembre 2018 adressée par les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte », a été envoyée aux rédactions ce mardi.
Elle prend place dans le contexte de dénonciation du contenu pédagogique et de l’attitude d’un enseignant de philosophie du lycée de Sada, par des parents d’élèves de Terminale qui s’inquiétaient pour la validation de cette discipline à quelques mois du Bac. Mais l’affaire avait dégénéré, et des propos racistes avaient été tenus contre cet enseignant d’origine africaine, dont le nom avait été affiché, soupçonnant même sa situation irrégulière sur le territoire.
Ce qui avait eu pour résultat de détourner de l’objectif. Une maman, agent au conseil départemental, qui avait dénoncé les pratiques de l’enseignant, nous avait fait part de sa désapprobation sur la tournure qu’avait prise l’affaire.
Des « citoyens de la seconde circonscription de Mayotte » avaient adressé un courrier au président de la République, pour dénoncer cette dérive, sans se prononcer sur les méthodes d’enseignement du professeur, déplacé depuis à Chirongui. Une affaire qui interroge aussi sur l’efficacité de contrôle du vice-rectorat sur le corps enseignant. Une exigence que l’on ne retrouve curieusement jamais dans les points de revendications syndicales.
Les douze signataires, Ismaël Kordjee, Ibrahim Madi M’dahoma, Ahmed Soilihi, Yanis Sohaili, Zaïdou Bamana, Michel Taillefer, Said Said Hachim, Daniel Zaïdani, Dominique Marot, Mohamed Bacar, Youssouf Ali Rafza, Samuel Boscher, ont vu dans ce courrier une discrimination envers les « Indigènes de la République française originaires de Mayotte » dans leur ensemble, et publient cette lettre ouverte.
LETTRE OUVERTE DES INDIGENES DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE ORIGINAIRES DE MAYOTTE, EN REPONSE A LA LETTRE OUVERTE DU 18 NOVEMBRE 2018, ADRESSEE PAR LES CITOYENS FRANÇAIS DE LA SECONDE CIRCONSCRIPTION RESIDANT A MAYOTTE
Suite à une mobilisation des parents d’élèves du lycée de Sada dénonçant le comportement d’un professeur de philosophie aux méthodes éducatives et pratiques douteuses, les citoyens français de la seconde circonscription résidant a Mayotte ont publié le 18 novembre 2018 une lettre ouverte.
En s’attaquant publiquement au Député de la 2ème circonscription de Mayotte ainsi qu’aux parents d’élèves concernés, présentés sous la dénomination de «collectifs citoyens locaux motivés par la haine et un parti d’extrême droite », en exigeant notamment que « le 101ème département, ses habitants et ses élus soient régis par les principes universels de la République », les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte dévoilent leur parti pris politique dont chacun aura compris l’orientation.
Bien que s’étant visiblement attribué la noble mission de civiliser les indigènes de Mayotte, les citoyens français de la seconde circonscription résidant a Mayotte prennent leur courage à deux mains en choisissant de s’exprimer anonymement.
Outre leur caractère outrageux et raciste, ces propos révèlent clairement une construction fondée sur une distinction et une hiérarchie entre les « vrais citoyens français » et les maorais qui ne seraient pas encore entrés dans cette citoyenneté républicaine.
Nous, indigènes de la République Française, originaires de Mayotte, relevons que bien qu’anonyme, cette lettre ouverte a sans difficultés été publiée par la presse locale et abondamment relayée ; que ceci est contradictoire avec les déclarations des citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte, autoproclamés gardiens et défenseurs des principes Républicains mais qui à l’évidence, s’accommodent très bien aussi des bidouillages et pratiques s’apparentant à celles d’une République bananière lorsque leurs intérêts l’exigent.
Nous, indigènes de la République Française originaires de Mayotte reconnaissons que le contexte particulier de Mayotte permet tous les abus et dérives qu’il est donné à chacun de constater depuis plusieurs années ;
Nous, indigènes de la République Française originaires de Mayotte reconnaissons que la passivité légendaire des maorais, associée à un sens élevé de l’hospitalité et teintée d’une certaine naïveté y sont pour quelque chose.
Nous, indigènes de la République Française, originaires de Mayotte reconnaissons que sous le prisme des préjugés des citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte, les principaux traits culturels des maorais sont réinterprétés et autorisent aujourd’hui toutes les dérives et quelles dérives ! Insinuer que les maorais ne font pas partie de la citoyenneté républicaine et déclarer vouloir les y faire insérer, (pas moins que ça !) en dit long sur l’état d’esprit et l’idéologie de leurs auteurs.
Nous, indigènes de la République Française, originaires de Mayotte reconnaissons qu’à force d’avoir laissé faire, rétablir l’équilibre des rapports sociaux sera long et sans doute coûteux. Le remplacement de population programmé de longue date et désormais effectif, et le militantisme acharné des citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte ne sont pas pour nous y aider.
Pour autant nous indigènes de la République Française, originaires de Mayotte déclarons que les débordements, les abus ont largement dépassé les limites du supportable.
Nous indigènes de la République Française, originaires de Mayotte affirmons que les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte n’oseraient jamais agir ainsi en Guyane, Guadeloupe, Martinique ou à la Réunion, car ils savent qu’aucun de ces territoires ne laissera attaquer ni son Député de la République ni sa population en action, sans réagir.
Nous indigènes de la République Française, originaires de Mayotte relevons que les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte tentent à travers leurs attaques à l’encontre de notre Député et des parents d’élèves, de détourner l’attention de l’opinion et de faire oublier les questions de fond restées sans réponses à ce jour.
Nous indigènes de la République Française, originaires de Mayotte déclarons que la stratégie éculée qu’empruntent les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte, consistant à dénigrer systématiquement les maorais et leurs représentants a pour objectifs de nous intimider et nous réduire au silence.
Nous indigènes de la République Française originaires de Mayotte, déclarons qu’en indexant les maorais pour les rabaisser, les discréditer, les citoyens français de la seconde circonscription cherchent à imposer le statu quo sous couvert d’une prétendue bien-pensance pour mieux ancrer et prolonger des avantages et positions dominants.
Nous indigènes de la République Française, originaires de Mayotte disons que les levées de boucliers opposées à chaque mouvement de lutte contre les abus et les dérives, pour la justice sociale et l’égalité, traduisent la peur chez les citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte, d’un renversement de l’ordre établi au sommet duquel ils sont confortablement installés.
Pour toutes ces raisons, nous indigènes de la République Française originaires de Mayotte, exigeons solennellement des citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte qu’ils rompent avec leur intolérable ingratitude, qu’ils soient reconnaissants envers les maorais et qu’ils les remercient malgré tout pour :
* accepter les voitures d’occasion dont ne veulent pas les parisiens et dont les Guyanais, les Guadeloupéens, les martiniquais ou encore les réunionnais, cherchent à se débarrasser maintenant vers Mayotte, dernier refuge bienveillant.
* permettre à tout le monde de devenir quelqu’un y compris au dernier de la classe ; absolument tout le monde peut accéder à du pouvoir, des avantages et responsabilités inespérées, inimaginables ailleurs ;
* laisser certains utiliser la pauvreté et l’ignorance pour se racheter une conscience ;
* laisser gommer et sacrifier nos savoir-faire et expériences pour faire place aux donneurs de leçons, experts auto-proclamés et autres bâtisseurs de carrières, au mépris du bon sens et de l’intérêt des indigènes de Mayotte.
* Laisser dénigrer et disqualifier nos valeurs, outils et pratiques structurantes, ciments de notre cohésion sociale et gage d’un développement endogène ; les laisser remplacer par une vision, des approches et méthodes (déconnectées des réalités locales) promues et mises en œuvre à grand frais par les experts comptables de leurs salaires, avec des résultats plus qu’hypothétiques mais qu’importe, l’essentiel est dans les sommes engrangées.
* accueillir les fiers et valeureux défenseurs des indépendances nationales mais néanmoins déserteurs de leurs Etats souverains qui méprisent les maorais et leur permettre de se servir de leur citoyenneté française pour exercer leurs talents d’hommes libres sur nous.
* permettre aux mal-aimés et méprisés d’hier de prendre leur revanche du haut de leur tout neuf statut de citoyens français bien-pensant, en s’alliant au cercle tant convoité des pouvoirs pour dénigrer encore plus virulemment les maorais.
* de permettre à ceux à peine débarqués de leur école, d’exercer des responsabilités, de disserter sur Mayotte et de décider de ce qu’il faut ou pas faire pour les maorais ;
Aux citoyens français de la seconde circonscription résidant à Mayotte, nous disons aussi qu’à force d’être indexés, insultés et dédaignés par ceux qui abusent de leur position, les maorais ont décidé de sortir de cette passivité coupable.
Aux citoyens français de la seconde circonscription
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