En partenariat avec la revue Projectîles à l’initiative de ce projet et de l’ARLL, le Pôle Culture accueille l’auteure Mauricienne Ananda DEVI pour une intervention intitulée : « Sur une ligne de faille : écrire la violence »
Dans Crime et Châtiment, Dostoïevski fait dire ceci à Raskolnikov: “rien n’est plus facile que de dénoncer un être abject, rien n’est plus difficile que de le comprendre“. Dans mon roman Le sari vert, mon propos était d’entrer dans la peau de cet être abject, de devenir lui pour tenter de le comprendre, ainsi que les ressorts de sa violence, ses sources et ses conséquences. Cependant, cet exercice de transmigration vers l’Autre, qui plus est un Autre diamétralement opposé à celle que je suis, n’a été ni simple ni innocent, et encore moins anodin. Cette exploration de la violence m’a conduite à me questionner sur mes motivations profondes, et surtout à me demander quel en serait l’effet sur le lecteur. Cela ne constitue-t-il pas, m’a un jour demandé une lectrice, une sorte d’apologie de la violence ? Entre dénonciation et apologie se situe toute la complexité et l’ambiguïté du travail de l’écrivain.
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