Avec encore 10 à 15 séismes enregistrés chaque jour en moyenne, l’activité sismique reste soutenue au large de Mayotte, principalement au niveau de l’essaim situé au plus près de Petite Terre.
Dans son bulletin mensuel qui synthétise les données enregistrées en décembre, le réseau de surveillance Revosima note toutefois “un ralentissement” du mouvement de Mayotte lié à cette crise sismique.
“Les déplacements de surface mesurés depuis le début de la crise par les stations GPS de Mayotte indiquent : a) un déplacement d’ensemble des stations GPS de Mayotte vers l’est d’env. 21 à 25 cm ; b) un affaissement (subsidence) d’env. 10 à 19 cm selon leur localisation sur l’île”.
Pour rappel, ce déplacement très important à l’échelle géologique serait lié à la vidange de la chambre magmatique qui alimente le volcan découvert à 50km au large de Petite Terre en mai 2019. Une éruption qui reste un record pour les scientifiques.
“En l’état actuel des connaissances, l’éruption a produit un volume estimé d’environ 6,55 km3 de lave depuis le début de son édification” avec pendant les 10 premiers mois un “flux éruptif minimum moyen de lave d’environ 172-181 m3 /s”.
“Depuis la découverte de l’édifice volcanique, quatre nouveaux points de sortie distants ont été identifiés et ont produit : 1) au sud environ 0,2 km3 de lave en 30 jours (19 mai-17 juin 2019) pour un flux minimum moyen de l’ordre de 77m3 /s ; 2) à l’ouest environ 0,3 km3 de lave en 43 jours (entre le 18 juin et le 30 juillet 2019) pour un flux minimum moyen de 81 m3 /s ; 3) au nord-ouest environ 0,08 km3 de lave en 21 jours (entre le 31 juillet et le 20 août 2019) pour un flux minimum moyen de l’ordre de 44 m3 /s ; 4) au nord-ouest environ 0,8 km3 de lave en 265 jours (entre le 21 août 2019 et le 11 mai 2020) pour un flux minimum moyen de l’ordre de 35 m3 /s ; 5) au nord-ouest entre 0,1 à 0,2 km3 de lave en 153 jours (entre le 11 mai et le 11 octobre 2020) pour un flux minimum moyen de l’ordre de 11 m3 /s. Les volumes et flux éruptifs, notamment au début de la crise, sont exceptionnels et sont, malgré les incertitudes, parmi les plus élevés observés sur un volcan effusif depuis l’éruption du Laki (Islande) en 1783.”
Par ailleurs le bulletin rappelle l’observation de “dégagements terrestres gazeux importants d’origine magmatique (majoritairement CO2) et de faible température” depuis au moins 1998 en Petite Terre.
Dans son bulletin, le Revosima rappelle aussi que la science a besoin de temps pour apporter des réponses aux nombreuses questions que chaque découverte suscite. Ainsi la campagne en mer menée en novembre dernier n’a pas encore donné lieu à des publications dans ce bulletin, mais cela devrait arriver “prochainement”.
“L’analyse de toutes les données acquises depuis le début de l’activité sismo-volcanique en mai 2018 et en cours d’acquisition nécessite des travaux approfondis pour améliorer l’évaluation des aléas et des risques induits (sismique, volcanique, tsunami) pour Mayotte. Le programme d’étude est actualisé et renforcé au vu des nouveaux éléments de connaissances apportés par ces analyses.”
Quoi qu’il en soit, “les scientifiques restent mobilisés pour analyser et interpréter la multitude de données acquises au cours des derniers mois à terre et en mer. Compte tenu de l’absence d’observation de volcanisme historique et du peu de connaissance sur le fonctionnement de la ride NO-SE, de plus de 50 km de long, qui s’étend de Mayotte à la zone volcanique sous-marine active, une incertitude significative existe quant à l’évolution de cette éruption (migration de magma, durée et évolution de l’éruption en cours, nouveaux points de sortie de lave) et de l’activité associée (sismicité, déformation, dégazage). Une nouvelle campagne d’échantillonnage des données et de cartographie a été réalisée en novembre 2020. Les résultats seront intégrés au bulletin très prochainement.”
Le bulletin complet est à retrouver ici
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Y.D.
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