On se félicite tous les jours que, contrairement à 2011, la métropole se soucie de la situation à Mayotte et tente d’expliquer aux métropolitains où est notre département et ce qui s’y passe. Mais parfois, les explications sont tout de même un peu hasardeuses… On ne résiste pas à vous présenter la séquence des matinales radio de RMC également diffusées sur RMC découverte, une chaîne de la TNT hexagonale (à voir par ici).
Les auditeurs et téléspectateurs ont donc appris que dans «l’archipel de Mayotte», «les conditions de vie n’ont rien à voir la métropole : les impôts sont deux fois plus chers, les prestations sociales deux fois moins conséquentes. Le code du travail et la sécurité sociale ne s’appliquent pas…»
Si la moitié de la population a moins de 18 ans, «les écoles ne sont pas assez nombreuses pour accueillir tous les élèves. Ils s’assoient parfois à trois sur des bancs pour deux». Et puis «la plupart des retraités se retrouvent sans pensions. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas cotisés. Et du coup des centaines s’expatrient à Madagascar où la vie est un peu moins chère pour eux…»
Alors avec les barrages, «tout est à l’arrêt» constate les journalistes de RMC. «Plus aucun ouvrier sur les chantiers, les écoles sont vides, les rues désertées, les magasins en rupture de stock.»
Après ce panorama, quelques précisions s’imposent. Si Mayotte est une île, et non un archipel, c’est vrai que nous y payons des impôts… mais ce sont les mêmes qu’en métropole: taxe d’habitation, taxe foncière, redevance télé (87 euros, contre 137 euros en métropole) et un impôt sur le revenu élevé mais, malgré tout, allégé d’une exonération de 40% par rapport à l’hexagone. La valeur locative est, il est vrai, beaucoup plus élevée qu’en métropole.
Nous disposons bien d’un code du travail, certes différent de celui de la métropole (oui, nous travaillons 39 heures, c’est un des enjeux du mouvement social). Quant à la carte vitale, elle fonctionne, finalement pas si mal, avec une sécurité sociale «qui s’applique» bel et bien.
C’est vrai, nous manquons de salles de classe mais nos enfants ne s’assoient pas sur des bancs, ni à 3 ni à deux… mais sur les mêmes chaises que dans les classes métropolitaines, simplement dans certaines écoles, un système de rotation a été mis en place avec des cours le matin pour les uns et l’après-midi pour les autres.
Les pensions de retraites sont enfin très faibles pour nombre de nos cocos et bacocos (grands-mères et grands-pères) mais de là à s’expatrier à Madagascar où la vie serait moins chère… Les journalistes de RMC n’ont, semble-t-il pas eu la chance de voyager dans la Grande Île pour comprendre l’absurdité de cette affirmation.
Oui, le mouvement social est dur. Oui, des violences urbaines ont secoué notre île, un peu plus que d’habitude, mais tout n’est pas à l’arrêt, toutes les écoles ne sont pas vides, ni les rayons de tous nos supermarchés. Parce que, oui, il faut vous le dire, nos magasins sont des supermarchés, avec des pâtes Barillas, du Coca zéro, des biscuits Lu et des bonbons Haribo… que nos enfants adorent, qu’ils soient ou non sur les bancs des écoles!
Le JDM.
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