Le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a réuni ce soir Matthias Fekl, le nouveau ministre de l’Intérieur et Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer, pour faire le point sur la situation générale en Guyane alors que 37 syndicats réunis au sein de l’Union des travailleurs guyanais (UTG) appellent à une grève générale à partir de ce lundi. Depuis plus d’une semaine, le blocage du département monte en puissance, avec en particuiler de nombreux barrages qui paralyse la circulation.
Une levée transitoire de ces barrages a toutefois été décidée dimanche pour permettre aux Guyanais d’aller en voiture faire leurs courses alimentaires.
Les syndicats et les membres d’un collectif dénommé «500 frères», composé d’hommes cagoulés, réclament des mesures contre l’immigration clandestine et la délinquance, dans le territoire français comptant le plus d’homicides (42 en 2016). Le mouvement de grogne porte aussi sur les questions de développement économique et d’emploi, de santé et d’éducation.
Une mission dans l’impasse
Le gouvernement a envoyé sur place une mission interministérielle de haut niveau ce samedi. Mais aucune discussion n’a réellement pu commencer, 13 des 22 maires de Guyane exigeant la venue des ministres et refusant de rencontrer la mission. Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, qui pilote la délégation interministérielle, a tout de même annoncé les premières mesures: la mise en place d’un scanner à l’aéroport pour lutter contre le trafic de drogues et l’accélération du versement des aides européennes.
«Elle sera rapidement amenée à annoncer un certain nombre de mesures immédiates répondant à des revendications déjà identifiées», annonce le gouvernement dans un communiqué qui dénonce également l’irruption de la Guyane dans le débat de l’élection présidentielle.
«Nous ne saurions tolérer l’instrumentalisation d’une crise sociale, ni à des fins de trouble à l’ordre
public, ni à des fins électoralistes», affirme les ministres de l’Outre-mer et de l’Intérieur.
La Guyane dans la campagne
François Baroin, soutien de François Fillon et ancien ministre de l’Outre-Mer, a considéré que les Guyanais ont «raison» de ne pas vouloir rencontrer la mission, Marine Le Pen (FN) a dénoncé le «service cruellement minimum» des gouvernements successifs vis-à-vis de la Guyane, tandis que Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France) a pointé «la démission de l’État».
En meeting à Rennes, Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) a adressé un « immense salut de solidarité » à la Guyane.
«Certains candidats à l’élection présidentielle ou leurs porte-paroles se sont exprimés. L’invective, l’outrance et l’approximation dont ils ont fait preuve contribuent à attiser les désordres qui perturbent la vie de nos concitoyens guyanais. Matthias Fekl et Ericka Bareigts dénoncent fermement une instrumentalisation politique visant à masquer les débats de fond dont la France, les outre-mer en général, et la Guyane en particulier, ont cruellement besoin.
Ces mêmes candidats, qui ne semblent découvrir les outre-mer qu’à l’occasion des campagnes
électorales, portent des propositions dangereuses qu’il convient de rappeler comme la modification de la rémunération des fonctionnaires ou de la défiscalisation des aides à l’investissement», expliquent-ils.
Face à la crise, le gouvernement rappelle également quelques uns de ses «grands» textes pour les Outre-mer, comme la loi Lurel contre la vie chère et la loi égalité réelle. Les ministres indique aussi que le budget de la mission outre-mer a été significativement augmenté et dépasse désormais les 2 milliards d’euros par an, tandis que 563 policiers et 310 gendarmes ont été affectés ou projetés dans les Outre-mer en 2016 et 2017.
En Guyane, une zone de sécurité prioritaire (ZSP) a été officiellement lancée à Saint-Laurent du Maroni au début du mois de mars et un Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (OCRTIS) au second semestre de 2016.
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