Tsingoni, le 07 janvier 2021
Le président de la communauté des communes du centre-ouest (la 3CO)
à Monsieur le président du conseil départemental De Mayotte
Monsieur le président,
Comme vous le savez, depuis des années, le Lycée professionnel de Kahani est le théâtre d’actes de violences en tout genre perpétrés par des bandes de voyous venues des différents coins de l’île. Des bus y sont régulièrement caillassés et des élèves agressés y compris dans l’enceinte même de l’établissement malgré la présence de plus en plus forte des forces de gendarmerie sur place.
Ce sont d’ailleurs ces agressions incessantes dans ce lycée qui accueille plus de 1 700 élèves venus de tout le département qui ont été à l’origine de la grande manifestation de 2017 contre les violences à Mayotte qui avait entrainé le blocage de l’île pendant pratiquement 2 mois. Malgré les engagements de la ministre des outremers, Madame Annick Girardin, dépêchée sur place par le gouvernement pour résoudre la crise, force est malheureusement de constater que la situation s’est empirée.
Pas plus tard qu’au mois de décembre dernier, Une cinquantaine de jeunes cagoulés ont tenté de s’introduire dans ce lycée. Heureusement qu’ils ont été repoussés par les forces de gendarmerie mobile positionnées devant l’établissement jusqu’à 20 heures, heure à laquelle personnel enseignant et élèves ont pu être évacués.
Face à cette flambée de violences, vous avez vous-même dû prendre la parole pour demander « la tenue d’une table ronde partenariale sous l’égide de l’Etat et de tous les acteurs allant de l’Education à la Justice en passant par les collectivités ».
C’est justement en ma qualité de président de la communauté des communes du centre-ouest regroupant les communes de M’tsangamouji, Tsingoni, Chiconi, Sada et Ouangani que je vous adresse ce présent.
L’Etat, malgré les efforts consentis dans le renforcement de la présence des forces de l’ordre dans le village de Kahani, n’a pas réussi à juguler ces violences. Quant à la police municipale, elle n’a pas vocation à assurer du maintien de l’ordre qui relève de la compétence exclusive de la police nationale et de la gendarmerie.
Raison pour laquelle, je vous demande Monsieur le président de suspendre la mise en œuvre des travaux de construction du hub dans cette localité en attendant que l’ensemble des acteurs concernés par cette problématique, se mettent autour d’une table pour réfléchir à la manière dont on doit transporter les élèves pour se rendre dans les différents établissements scolaires de l’île en toute sécurité et sérénité.
En l’état actuel des choses, la construction d’un Hub pour autobus à Kahani qui va servir de plateforme de transfert à des centaines d’élèves venant des 17 communes du département sans le moindre plan de gestion des questions sécuritaires relève de l’imprudence. On va ainsi exposer inutilement nos enfants à un risque d’atteinte à leur intégrité physique alors que nous savons pertinemment que cette violence est présente et que rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Le département, les communes, les intercommunalités, l’Etat, l’Education Nationale et les associations des parents d’élèves devront réfléchir à des solutions partagées pour garantir la sécurité des élèves et s’interroger sur la pertinence d’ organiser le ramassage scolaire à travers des Hub compte tenu de l’insécurité ambiante dans l’île et de l’étroitesse de nos routes.
Aussi, la 3CO nourrit l’espoir que cette table ronde que vous appeliez tant de vos vœux puisse avoir lieu très rapidement afin que l’Etat et les collectivités puissent mettre en œuvre des mesures de sécurité à la hauteur des attentes des établissements scolaires, des transporteurs et des parents d’élèves.
Dans l’attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le président, l’expression de ma parfaite considération.
Le président de la communauté des communes du centre-ouest
Ibrahima Said Maanrifa