« Faire toujours plus, même avec peu de moyens, pour faire avancer les choses et ne pas attendre que les autres fassent pour nous ». En 10 ans, la devise de Narike M’sada n’a jamais été prise en défaut. Cet anniversaire est l’occasion de faire un beau bilan pour l’association qui mène des actions d’accompagnement et de médiation auprès des personnes vivant avec le VIH Sida ou venant de découvrir leur séropositivité à Mayotte.
Aujourd’hui, les membres de l’association interviennent également dans les établissements scolaires et dans certaines entreprises pour faire de la prévention. Mais ils n’ont rien oublié des tabous qu’ils ont dû briser pour parler de la sexualité, des MST (Maladies sexuellement transmissibles) et notamment le Sida.
De nouveaux comportements porteurs de risques
En 10 ans, beaucoup d’actions ont été entreprises pour sensibiliser. Des messages sont rappelés toujours et encore comme la nécessité de rapports sexuels protégés ou encore l’importance d’un dépistage précoce. Autre fierté de l’association, la création d’un numéro vert pour offrir des interlocuteurs à qui le souhaite et faire passer le message à ceux qui n’ont pas accès à l’information, souvent ne parlant pas le français.
Aujourd’hui, Narike M’Sada n’est plus seule, d’autres associations commencent à intégrer la question du VIH dans leurs réflexions et leurs actions. Mais depuis 10 ans, de nouveaux enjeux ont également surgi : le développement des prostitutions, le multiplication des relations avec des partenaires occasionnels ou la bisexualité forcée des homosexuels mahorais sont autant de nouveaux phénomènes et comportements qui sont de sérieux facteurs de risques en matière de transmission des IST (infection sexuellement transmissibles) et du VIH.
Beaucoup de chantiers à mener
10 après sa création, Narike M’Sada a toujours devant elle de nombreux chantiers de taille comme la prise en charge sociale et psychologique des patients.
Narike M’Sada n’oublie pas non plus que certains projets initiés mériteraient d’être repris, développés et pérennisés. C’est le cas d’un dispositif de facilitation d’accès aux préservatifs. 7 ans après avoir expérimenté la mise en place d’un réseau de distribution de proximité de préservatifs à 20 centimes dans les Douka (petites épiceries) au plus près des habitants, l’opération n’a pas pu se développer faute de moyens pour l’achat des préservatifs.
La prise en charge médicale des patients vivant avec le VIH (PVVIH) mériterait aussi d’être améliorée. Si le CHM (Centre hospitalier de Mayotte) offre, selon l’association, une « assez bonne » prise en charge des patients, le turn-over des personnels, l’absence d’équipe pluridisciplinaire et le manque de psychologues maîtrisant la langue mahoraise sont pour elle des questions à régler.
Si en 10 ans, l’association a vu un grand renouvellement de ses membres, « résultat d’une lassitude, d’une démotivation extrême et le sentiment d’être impuissant », l’association est pourtant bien vivante. Elle vient de lancer une campagne d’affichage avec la participation d’une soixantaine de personnes d’horizons différents qui ont accepté de prêter leur image pour la lutte contre le sida à Mayotte. Dans un territoire où la moitié de la population a moins de 20 ans, le VIH Sida impose, en effet, de ne jamais baisser les bras.
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