A partir du 1er janvier, les pompiers de Mayotte gagnent un D, et ce n’est pas une mauvaise note. Le service d’incendie et de secours (SIS) devient départemental (SDIS) à l’image de ce qui existe en métropole et dans les autres DOM. Cette départementalisation a été adoptée, dans la nuit de mercredi à jeudi, à l’Assemblée nationale.
Rien ne change quant à l’organisation des secours, c’est le mode de financement qui va évoluer. Mayotte va pouvoir créer un véritable établissement public de droit commun dans lequel le Conseil général sera associé aux communes. Le département sera rejoint par les communes qui devront mettre la main à la poche, mais seulement à partir de 2015. Le conseil d’administration qui va déterminer la participation des villes ne se mettra en place qu’après les élections municipales. Cela permet de ne pas faire voter des dépenses à des élus qui ne devront peut-être plus les assumer s’ils ne sont pas reconduits par les électeurs. Il faut également attendre que les communes aient une meilleure visibilité sur leurs marges de manœuvre budgétaires avec l’instauration de la fiscalité locale.
Il manque encore trois casernes
Cette nouvelle organisation devrait permettre de poursuivre le déploiement des pompiers sur l’ensemble du département. Avec neuf centres de secours, Mayotte serait couverte dans les mêmes conditions qu’un département métropolitain.
« Nous avons ouvert des casernes à Chirongui, Longoni et Acoua en 2010 et la caserne de Kahani en 2012, rappelle le Colonel Soribas. Elles se sont ajoutées à celles de Kaweni et Pamandzi. Il ne nous manque plus que la caserne de Dembéni et les deux petits centres à Handrema, dans le nord, et à Passi-Kéli, dans le sud où les choses pourraient aller très vite. » Dans ce dernier centre, le SIS dispose déjà d’un terrain clôturé et prêt à recevoir des constructions modulaires. « Nous avons même les véhicules, précise le Colonel Soribas. Ils nous ont été donnés par le SDIS de Loire-Atlantique et ils sont en attente au port ! » Ce sont comme toujours des moyens limités qui retardent leur mise en service à Mayotte.
Des recrutements nécessaires
De la même façon, plus de casernes, cela nécessite plus d’hommes et de femmes. « Nous avons des problèmes de recrutement. Actuellement, nous faisons appel à un nombre important de pompiers volontaires que nous souhaiterions remplacer, en partie, par des pompiers professionnels. » Le 12 septembre dernier, lors du concours national de sapeurs-pompiers professionnels organisé à Mayotte, 98 candidats ont été reçus dont une quarantaine de Mahorais pour 120 postes ouverts. Leur recrutement ne dépend plus aujourd’hui que d’une volonté politique.
Cette départementalisation pourrait donc permettre d’augmenter les ressources du SIS doté actuellement d’un budget 12,4 M€. « On estime qu’il nous faudrait 14,5M€ pour maintenir le cap actuel aussi bien pour les personnels, l’entretien et le développement des bâtiments ou l’achat de véhicules » explique le Colonel Soribas.
Avec un budget augmenté dans de telles proportions, le service de pompiers de Mayotte ne coûterait, malgré tout, pas si cher. « Le SDIS de référence est pour moi celui de Guyane. Ils ont le même nombre de casernes, des effectifs quasiment similaires et ils fonctionnent avec un budget de 30M€. Mais eux, ils ont pratiquement 60 ans d’existence. »
RR
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