Le système de retraites revu et calqué sur le mode métropole… ce sera pour 2027, indique le projet de loi débattu ce 11 octobre. Ce qui fait rugir le député Aboubacar qui cite en exemple les avancées récentes sur les retraites complémentaires.
Le projet de loi garantissant l’avenir et la justice du système de retraites a été présenté à l’Assemblée nationale ce vendredi 11 octobre par Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé. Le gouvernement souhaite à travers ce projet de loi, garantir la pérennité de notre système de retraite par répartition tout en corrigeant ses inégalités et ses complexités.
L’article 34 habilite le gouvernement à légiférer par ordonnance pour en adapter les dispositions à Mayotte, progressivement, « pour suivre la montée en charge des paramètres actuellement prévue jusqu’en 2027 ». Les ordonnances doivent être prises dans les 18 mois qui suivent la publication de la loi.
La réaction du député mahorais Ibrahim Aboubacar ne s’est pas faite attendre. Tout en rappelant que le système des retraites relève, à Mayotte, d’une ordonnance datant de 2011, il critique cette transition progressive et adaptée insufflée par le Pacte pour la départementalisation qu’il considère d’un autre âge, « celui de la feuille de route de l’ancien gouvernement, (…) qui n’engage donc pas la gauche à Mayotte ».
Il revient sur la raison de ce jeu de patience imposé : « ne pas déstabiliser l’économie locale ». Or, le gouvernement ne prendrait pas un grand risque à accélérer le rythme sur une île où l’on ne comptabilise que 3 797 retraités ! (Source Dieccte). Il met également l’accent sur les effets pernicieux de cette frilosité : l’absence d’impulsion sur cette économie locale que permettrait le relèvement des minimas sociaux.
Preuve à l’appui, la semaine dernière, patronat et partenaires sociaux sont tombés d’accord sur la mise en route du dispositif de retraite complémentaire obligatoire, avec un rattrapage des cotisations sur 5 ou 8 ans (en négociation) : « on est loin des 25 ans évoqués dans le pacte ! » clame Ibrahim Aboubacar.
Les retraites mahoraises expliquées aux nuls
En effet, lundi dernier, le Medef et les syndicats peuvent se targuer d’avoir impulsé une nouvelle avancée… Petite explication du système des retraites à Mayotte.
Seul le système de retraite de base existe sur l’île. Les salariés y cotisent depuis la création de la Caisse de sécurité sociale (CSSM, anciennement CPS) en 1987. Mais ce montant est encore très en dessous de la métropole (prés de 10 fois moins), induisant des prestations analogues. « Les plafonds sont augmentés de 5% chaque année pour rattraper ceux de la métropole » explique Michel Taillefer, secrétaire général du Medef.
Les cocos et bacocos (personnes âgé(e)s) ne touchant pas de retraite bénéficient d’une Allocation Spéciale personnes âgées (340€ pour une personne seule).
L’idée de mettre en place les retraites complémentaires a donc abouti lundi dernier. Obligatoire en métropole, elles devront d’abord faire l’objet d’un accord avec la caisse Agirc-Arrco. Les cotisations des salariés et du patronat devraient rattraper le niveau métropole sur 5 à 8 ans. Elles seront alors de 3% pour les premiers, et 4,5% pour les seconds. Etonnamment, le Medef et les partenaires sociaux annoncent les premiers versements des retraites au 1er janvier 2014… date du début des cotisations ! « Ce sera symbolique au départ. Et puis, le nombre de retraités de Mayotte ne va pas couler l’Agirc-Arcco ! » glisse Michel Taillefer. Surtout que le montant versé tiendra compte de la durée de cotisation à la Caisse de Sécurité sociale…
Les acteurs attendent désormais une réponse de la Caisse de retraite complémentaire.
Anne Perzo-Lafond
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