Plus de 175 millions d’euros de projets ont été présentés au commissaire européen Johannes Hahn dans l’hémicycle du Conseil général hier soir. Une façon de le convaincre que Mayotte est capable de monter des opérations «durables» pour utiliser les budgets européens.
«J’ai reçu plus de fleurs depuis mon arrivée à Mayotte que durant toute ma vie !»
La plaisanterie est de Johannes Hahn, le commissaire européen chargé de la coopération régionale, venu samedi en fin d’après-midi, avec Victorin Lurel, rencontrer les élus du Conseil général.
Dans l’hémicycle, ce n’est pas seulement du jasmin que la collectivité avait préparé mais aussi tout un arsenal pour convaincre le commissaire de la capacité de Mayotte à entrer pleinement dans son nouveau statut de RUP (région ultrapériphérique européenne). Et en premier lieu de montrer sa capacité à « consommer » les budgets qui vont lui être alloués.
Le montant de l’enveloppe est de «224 millions d’euros, dix fois plus que les sommes que vous perceviez jusqu’à présent» souligne le commissaire, mais deux fois moins qu’espéré répondaient certains élus. «Croyez-moi, prévient Johannes Hahn, l’Europe a accueilli de nouveaux membres récemment et utiliser cet argent est un vrai défi pour les nouveaux venus.»
Cette somme devra être utilisée durant la période 2014-2020 pour financer de «grands projets structurants» dont les travaux pourraient démarrer dès la fin de l’année prochaine.
Quatre secteurs ont été retenus «pour éviter le saupoudrage des crédits» précisait Victorin Lurel, tous issus d’une concertation entre la préfecture et les services du Conseil général. Cette liste de projets n’est pas encore définitive et pourrait évoluer dans les prochaines semaines.
1. Le désenclavement du territoire. Beaucoup d’études et peu de réalisations concrètes dans ce chapitre. 10 M€ seront alloués à la poursuite des études pour l’allongement de la piste de l’aéroport et 6 M€ pour des études sur le développement des transports en commun… beaucoup auraient probablement préféré qu’à l’horizon 2020, ces transports soient une réalité quotidienne. 5 M€ seront utilisés pour la « desserte numérique » permettant de « moderniser et rééquilibrer » le réseau.
2. Environnement. C’est le gros volet de l’enveloppe. 65 M€ seront investis pour l’assainissement alors que 87% de la population n’est pas raccordée à un réseau de traitement des eaux usées. « Les études montrent qu’il nous faudrait 700 M€ pour venir à bout de ce chantier » nous confiait Daniel Zaïdani. C’est déjà un bon début.
3 M€ seront consacrés au traitement des déchets avec la réalisation d’un quai de transfert. Enfin 29M€ seront dirigés vers les réseaux d’eau potable : aujourd’hui 25% de la population n’y a pas encore accès.
3. Recherche et développement. C’est la filière photovoltaïque qui est privilégiée avec 10M€ de budget. Ce sont des recherches sur le stockage de l’énergie qui seront principalement réalisées alors que Mayotte s’enorgueillit déjà de produire « jusqu’à 30% » de son électricité en solaire.
4. Social. La rénovation urbaine devrait capter 15M€, les centres médico-sociaux 20M€ et l’hôpital 15M€ principalement utilisés pour la construction d’un nouvel établissement sur Petite Terre.
C’est l’Etat qui aura l’autorité de gestion et la maîtrise d’ouvrage pour ces réalisations. Quant à la programmation, elle se fera en concertation avec la collectivité.
Ce sont donc déjà plus de 175 millions d’euros du budget RUP qui sont fléchés. Reste à confirmer cette liste et à l’enrichir : 50 millions sont encore à attribuer.
RR
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