Les actions sont reconduites* alors que le mouvement contre la fiscalisation de l’Indemnité d’Éloignement menace de s’essouffler. Malgré sa légitimité, il se heurte à la conception que se fait l’opinion en général et les fonctionnaires en particulier, d’un service rendu au public.
Le mouvement de grève de fonctionnaires d’Etat et de l’Hôpital qui touche Mayotte depuis maintenant deux semaines, ralliait tous les suffrages tant qu’il s’agissait de l’imposition sur les indemnités 2013. Le gouvernement étant revenu sur cette mesure, il divise désormais l’île en deux. Et, contrairement à toute attente, les deux courants d’opinion sont inter-communautaires.
Ce ne sont pas les blancs aux commandes de l’économie contre les Mahorais victimes de décisions unilatérales, mais d’un côté les déçus de la trahison des «engagements pris par l’Etat», ne fussent-ils que moraux, et les bâtisseurs de l’économie de l’île, natifs ou non, qui ne comprennent pas qu’une attractivité ne puisse être que financière sur une Mayotte qu’ils chérissent. Qu’ils chérissent ? Pas tous ! Certains pionniers regrettant déjà un paradis qu’ils ont connu loin des paperasseries administratives, et qui entre dans le rang métropolitain. Ces derniers dénoncent sur les antennes des radios ces chasseurs de primes, qui viennent ici doubler leurs salaires, et pour certains, leur temps de repos.
De l’autre côté, loin des mouvements de rue, assurant leurs cours, il y a les consciencieux, ceux qui, endettés ou non, sont venus pour la prime et qui, découvrant une situation difficile, s’investissent au point de doubler leur temps de travail par rapport à la métropole.
C’est autour de ce clivage que s’organisent les tensions, c’est sur l’idée qu’un agent de la fonction publique se fait du service rendu au public qu’on mesure la désertification du mouvement. Et s’ils sont tous d’accord sur la trahison de la parole donnée, le consensus s’est fissuré sur la méthode de revendication, et trouve un écho dans l’opinion publique : «on ne délaisse pas des élèves en souffrance». C’est aussi là-dessus que joue le gouvernement, espérant un épuisement des forces inéluctable, qui ne fera oublier à personne qu’il y a eu décision sans concertation, vécue comme une «trahison» et que “ce n’est pas comme cela que se gouverne un pays”.
Anne Perzo-Lafond
(*) Communiqué de l’Intersyndicale :
«Mardi 26 novembre : opérations ‘surprises’ décentralisées. 4 points de ralliement sont proposés, en fonction de votre lieu d’habitation, pour tous les fonctionnaires, quelque soit leur service : 6h30 parking du collège de Tsingoni, 6h30:devant le Lycée de Chirongui, 6h30:devant le collège de Dembéni, 6h30: devant le Lycée de Mamoudzou.
A partir de ces points de rencontre, des opérations «surprises»seront dévoilées».
Le blog de l’intersyndicale.
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