Les pétroliers et les gérants de stations-service des cinq DOM adressent un courrier à Victorin Lurel : ils mettent en garde contre le maintien du projet de décrets en l’état qui pourrait déboucher sur une hausse des prix du carburant.
Le bras de fer, commencé il y a quelques semaines, se poursuit. Dans une lettre ouverte, les raffineurs, les importateurs, les distributeurs, les stockistes, les gérants de stations-service réunis en intersyndicale, les sous traitants, les fournisseurs et les transporteurs d’hydrocarbures de La Réunion, Mayotte, Guyane, Guadeloupe et Martinique s’adressent à Victorin Lurel.
Ce dernier, faisant suite à une promesse de François Hollande, a annoncé il y a quelques semaines son projet de légiférer en matière de transparence dans la formation de marges dans la filière pétrolière, un projet « aux conséquences économiques et sociales désastreuses », indiquent les signataires.
Leur principal reproche : l’absence de dialogue, « votre ministère s’entête à ne pas vouloir chercher à comprendre ». A Mayotte, le même groupe rassemble toutes les activités : Total y est à la fois importateur, distributeur, stockiste et gérant de stations-service. Les associations de consommateurs avaient dénoncé pendant les grèves de la vie chère cette situation monopolistique. L’exiguïté du marché avait été mise en avant, « pas de place pour deux », leur avait-on répondu.
Menace sur l’emploi
Et en invoquant que les prix à la pompe à Mayotte n’y sont pas parmi les plus élevés des outremers : le moins cher pour le sans-plomb à 1,54€ le litre contre 1,71€ en Guyane, et 1,35€ pour le gazole, contre 1,53€ en Guyane, mais 1,23€ à La Réunion.
C’est comme un seul homme que les conseillers généraux avaient voté en faveur du projet de décrets Lurel , et la validation par l’Autorité de la Concurrence a incité les pétroliers à se mobiliser. « C’est l’existence même d’une filière que vous mettez en péril », avec dans la balance « prés de 7 000 emplois directs et indirects et plus de 500 entreprises mobilisées dans les DOM ».
Le bras de fer se poursuit donc, avec la menace première « d’une inévitable hausse des prix à la pompe si les mesures sont appliquées en l’état », mais il était aussi question d’automatisation des pompes menaçant les emplois actuels, et de freiner les investissements, notamment à Mayotte où de nouvelles stations doivent sortir de terre.
Pour finir, c’est un appel « à une véritable concertation » que lancent les pétroliers.
Anne Perzo-Lafond
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