Avec l’instauration de l’octroi de mer à Mayotte, beaucoup se sont mis à rêver d’une baisse des prix, cette «taxe d’importation» étant aux mains du Conseil général. La désillusion promet d’être grande.
Avec le Big Bang du droit commun, les produits d’importation sont désormais soumis à l’octroi de mer qui remplace les droits de douanes qui prévalaient jusqu’alors. Les taux, publiés in extremis le 29 décembre au Journal officiel pour entrer en vigueur le 1er janvier, réservent beaucoup de mauvaises surprises.
Se pencher sur ces taux, pour tous ceux qui ne sont pas familier du code des douanes, c’est l’occasion de découvrir les nomenclatures qui répertorient, dans le moindre détail, tout ce qui peut être importé. En 20 sections, tout y passe : produits alimentaires, habillement, électricité, bois, chimie, armes, optique ou jouets… De quoi remplir pas moins de 225 pages !
Les T-shirts prennent 15% d’augmentation
Une bonne nouvelle : l’alimentaire connait une relative stabilité et même quelques baisses hormis les alcools dont la taxation passe de 100% à 130%.
Mais ailleurs, les taux d’importation augmentent et même parfois très fortement, de quoi promettre une inflation des prix de vente.
Dans l’habillement, les taxes sur les T-shirts passent de 20% à 35%. Pour l’équipement de la maison, les frigos vont baisser mais les télévisions prennent 6,5% supplémentaires (à 47,5% ou 57,5%) et les climatiseurs 19% de plus (à 60% ou 70%).
Autre augmentation étonnante, celle des scooters de 50 cm3 qui sont pourtant parmi les moyens de transport les plus vendus car destinés à des consommateurs peu argentés.
Le bâtiment fortement impacté
Le secteur du bâtiment va être, lui aussi, très fortement impacté par ces augmentations : chaussures de sécurité, équipements ou matériaux, le coût des chantiers va grimper. Le plus aberrant est l’explosion de la taxation sur les constructions modulaires en kit. Ces algécos sont massivement utilisés pour construire les établissements scolaires passent de 4% à 20%. Un chantier comme le collège de Majicavo dont les budgets ont été établis bien avant les nouveaux taux pourrait ainsi voir son coût augmenter brutalement de plusieurs centaines de milliers d’euros.
L’envolée de ces taux mérite une explication. Ce sont les services des douanes qui les ont définis durant le dernier semestre 2013. Le Conseil général (CG) avait pourtant 7 ans pour plancher sur la question. L’objectif de ce nouveau système est de maintenir les recettes du CG malgré les changements. Et comme à Mayotte, on ne connait que très approximativement le nombre de foyers qui paieront les impôts locaux (taxe d’habitation et taxe foncière) et rempliront les caisses de la collectivité, les douanes ont privilégié des taux d’octroi de mer qui ne favorisent pas la baisse des prix.
Des évolutions à venir, des affaires à faire
Pour autant, ces taux ne sont pas fixés dans le marbre. Le CG a désormais entièrement la main pour les modifier à sa guise. Lorsque les professionnels auront fini d’éplucher les changements et les consommateurs, vu s’envoler certaines étiquettes, il pourra les modifier, espérons-le, à la baisse. Les professionnels que nous avons contactés attendent les premières modifications avant la fin du premier trimestre.
Consommateurs, une solution existe pour éviter, momentanément, cette vie encore plus chère : faire ses emplettes rapidement, avant que ces taxes ne s’appliquent. Les produits disponibles en rayons ont, en effet, été importés avant l’entrée en vigueur de l’octroi de mer. Il faut simplement espérer que les commerçants n’en profitent pas pour faire valser les étiquettes prématurément.
RR
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