L’association qui gère la mosquée de Labattoir a organisé une conférence de presse ce matin. Elle se porte partie civile après la profanation du lieu de culte et ne veut pas d’un procès «isolé».
Pas question que le procès des auteurs présumés de la profanation de la mosquée de Labattoir reste dans un cadre strictement local. L’association qui gère la mosquée contre laquelle une tête de porcelet a été lancée le 1er janvier, a tenu à faire savoir, ce matin lors d’une conférence de presse, qu’elle mettra tout en œuvre pour que ce ne soit pas «un procès isolé». «C’est un procès qui touche tous les musulmans de France», explique Maître Saïd Larifou qui représente l’association.
Dans cette optique, des membres de l’association et une partie des instances cadiales de Mayotte envisagent de partir en métropole dans les jours qui viennent pour solliciter le soutien du Conseil national du culte musulman (CNCM). «On a tendance à banaliser les actes islamophobes. Ce qui s’est passé à Mayotte s’est déjà produit à Besançon il y a quelques semaines. C’est intolérable.»
Recevoir le soutien des autres cultes
Cette délégation souhaite également obtenir un rendez-vous avec le ministre en charge des cultes (Manuel Valls, ministre de l’intérieur). Elle souhaite entendre de vive voix sa réaction et faire valoir auprès de lui «la réponse républicaine et de justice que les Mahorais attendent». Pour Maître Larifou, «l’affaire est extrêmement grave. Il s’agit d’une violence caractérisée et volontaire faite contre l’islam en Terre d’islam, contre la paix sociale, contre les Mahorais.»
Toujours avec cette volonté de donner une dimension plus vaste à l’affaire, l’association prépare actuellement un courrier qui sera adressé à toutes les mosquées de France et à tous les lieux de cultes établis sur le territoire national y compris outre-mer. «Nous demandons que les autres cultes nous apportent leur soutien car nous pensons que c’est un acte commis contre toute personne croyante. Aujourd’hui, c’est l’islam et les musulmans qui sont souillés dans leur âme mais demain, ça peut être n’importe quelle religion.»
La présence des auteurs présumés à leur procès
L’association qui a porté plainte pour atteinte à un lieu de culte se montre également très active, avec ses avocats, sur le front strictement judiciaire de l’affaire. Tout d’abord, elle veut avoir l’assurance que les personnes poursuivies soient à la barre lors de l’audience.
«Nous exigeons leur présence au procès. En cas d’absence, nous ne voyons pas l’intérêt de l’audience. Nous voulons un procès ‘plein’ pour que les Mahorais ne restent pas sur leur faim.»
Me Nadjim Ahamada, l’autre défenseur de l’association, promet de solliciter le Procureur «pour obtenir un mandat» qui permette d’assurer leur présence.
Les avocats dénoncent, par avance, l’argument de menace sur la sécurité des prévenus qui pourrait être avancé. «Tout le monde savait qu’ils étaient en garde à vue à la gendarmerie. Il n’y a pas eu de manifestation, de cris ou de gestes contre la gendarmerie.» Et Me Larifou de souligner la retenue des deux marches blanches organisées en Petite-Terre : «Sur d’autres territoires de la République, ces événements se seraient traduits par des émeutes. Nous sommes fiers de la dignité de la population mahoraise qui a su contenir sa colère.»
Complément d’enquête
L’association veut aussi aller plus loin dans ce dossier et se réserve le droit de demander un complément d’enquête. Pour elle, «tous ceux qui sont mêlés de près ou de loin à cette affaire doivent répondre devant la justice». « Il y avait un groupe qui participait à cette fête. Est-ce qu’ils n’étaient que trois à décider de la suite à donner à cette tête de cochon ?» s’interroge Me Larifou.
Quant aux personnes qui sont poursuivies, leur profession constitue pour l’association un fait aggravant : «l’ensemble des personnes poursuivies ne sont pas des citoyens lambda. Ce sont des fonctionnaires qui sont au fait de la législation.»
Les instances cadiales s’étonnent, pour finir, de l’absence d’images et de mots des personnes impliquées. « Nous n’avons pas vu leur visage alors que, si ça avait été un Mahorais, des images auraient été diffusées partout.»
«Nous n’avons pas non plus entendu une demande de pardon. On n’a pas eu un mot de leur part et le jour du procès on aura des excuses de circonstances», rajoute Me Ahamada.
La date de l’audience est fixée au 26 février.
RR
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