Financement et problèmes techniques continuent de freiner l’ouverture de la décharge aux normes européennes, initialement prévue au 1er janvier 2014. Un exemple de ce que pourront être les futures embûches lors des consommations de fonds européens.
Le préfet de Mayotte avait convié les maires vendredi pour trouver une solution au démarrage de l’exploitation de l’Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux (ISDND) situé à Dzoumogné. Chargé du traitement des déchets non recyclables, il doit à terme absorber les SIVOM (Syndicats Intercommunaux) dont les décharges à ciel ouvert sont une menace pour la santé.
Il manquait 7 millions d’euros pour démarrer la structure. Ils ont été ramenés à 4 millions d’euros grâce à des exonérations obtenues par les actions successives du sénateur Thani Mohamed Soilihi, du député Ibrahim Aboubacar, et d’une subvention de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) de 4 millions d’euros.
Pour financer les 4 millions d’euros restants, la somme de 20 euros par an et par habitant devait être ponctionnée par les communes co-participatives de l’ISDND. A la suite de leur désistement lors du conseil syndical du 1er février, le préfet a provoqué une rencontre pour tenir un langage ferme : «hors de question que le gouvernement verse la moindre pénalité à l’Union Européenne», l’Europe ayant financé l’ISDND et demandant la disparition immédiate des décharges à ciel ouvert, bien éloignées des standards européens exigibles dorénavant à Mayotte.
Sans délibération favorable dans les jours qui viennent, le représentant de l’Etat a menacé de couper le robinet du financement des aménagements. Jacques Witkowski a revu à la baisse le financement par habitant qui se monterait à 11 euros par an, ce qui aurait obtenu la faveur des maires. Madi Saïd, à la tête du SIDEVAM, le syndicat unique chargé du traitement des déchets, en charge de la décharge de Dzoumogné a donc envoyé une nouvelle convocation à l’ensemble des élus, et espère à nouveau une délibération, «sous réserve de réunir le quorum de quinze personnes».
Une rigueur européenne encore trop abstraite
Il est normal à l’entendre, que la somme ait été réduite de moitié, «puisque le temps d’exploitation de l’ISDND sera divisé par deux !» En effet, en cas de validation communale, des problèmes techniques, toujours pas réglés, vont perturber le timing : 3 piézomètres (appareil servant à mesurer la pression des nappes aquifères en amont et en aval du site) non conformes n’ont toujours pas été remplacés.
Et pour cause : «une enveloppe de 138.000 euros est nécessaire, mais non budgétisée par le SIDEVAM puisque les instruments ont été livrés avant notre réception de la structure le 16 octobre 2013». En attendant, le Conseil général, (maître d’ouvrage), la DEAL (chargée du contrôle), la Colas (constructeur), le cabinet Aegis (orientation) se renvoient la balle. Et Madi Saïd demande à l’Etat ou au Conseil général une avance à verser directement au fabriquant de ces piézomètres. «Une solution qui permettrait de les réceptionner dans 3 mois.» Ce qui, selon lui, reporte la mise en service de la décharge de Dzoumogné en juin, «si ce n’est pas plus loin».
Le ministre des affaires européennes, Thierry Repentin, qui arrive à Mayotte le 13 février a prévu de se pencher notamment sur le cas de la décharge de Dzoumogné. Mais aussi de sensibiliser les porteurs de projets sur la méthode de consommation des fonds exigée par l’Europe… qui est encore bien loin des standards français de Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
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