Mayotte doit monter des opérations pour consommer ses budgets européens. Le Conseil général dégaine un projet de réseau de bus qui couvrirait tout le département.
A Mayotte, quand on nous annonce la création d’un réseau de transport public, c’est comme jouer au loto. On rêve quand on mise mais on ne gagne jamais. Pour autant, à chaque fois, on a envie d’y croire. Alors, cette fois-ci encore, on se surprend à espérer.
Ce nouveau projet de réseau de bus, porté par le Conseil général, a été présenté à Thierry Repentin. Le ministre délégué chargé des Affaires européennes réclame des opérations pour consommer les budgets européens. Daniel Zaïdani lui répond : en voici un, et d’envergure.
195 millions d’euros pour créer un réseau de transport de bus interurbain qui couvrirait l’ensemble du département, auquel il faudrait rajouter 7 millions de fonctionnement annuel.
La saturation du réseau routier
Le Conseil général dresse un constat sans fard des problématiques liées à la circulation à Mayotte : le réseau est saturé. Mayotte ne compte que 225 kilomètres de routes et surtout une géographie qui ne permet de desservir Mamoudzou que par deux entrées, au nord et au sud. Problème : 56% des emplois se concentrent dans la préfecture.
On compterait actuellement, 32.000 véhicules par jour entre Koungou et le rond-point de la barge et même 42.000 entre la barge et Passamainty.
Si l’on rajoute à la situation actuelle, des achats de véhicules en hausse (1.700 importations annuelles) et une démographie galopante (5.000 habitants de plus chaque année), il est évident que l’asphyxie routière du département ne fait que commencer.
Le Conseil général avait, dans un premier temps, envisagé de construire une rocade sur les hauts de Mamoudzou. Mais la réalisation de routes nouvelles ne fait plus partie des priorités européennes, contrairement aux «transports durables». Voici donc un projet complet de transport public mis sur la table.
3 lignes principales et cinq boucles locales
Cette offre serait structurée autour de trois lignes principales : Dzoumogné-Mamoudzou au nord, Sada-Mamoudzou et Chirongui-Bandrélé-Mamoudzou au sud. A ces lignes se rajouteraient cinq boucles locales qui couvriraient les différentes zones –nord, centre et sud- du département.
Enfin, deux nouvelles liaisons maritimes complèteraient le maillage : Iloni (Dembéni)-Dzaoudzi et Longoni-Dzaoudzi.
Ce projet nécessiterait la construction d’une gare routière centrale à Mamoudzou, des trois gares décentralisées (pôles d’échanges) à Dzoumogné, Sada et Chirongui et de deux gares maritimes.
Ce réseau prétend répondre aux limites du système actuel, celui des taxis brousses sans horaires, sans trajets fixes et dont le coût pour les usagers n’est pas négligeable. Pour autant, si les enjeux sont clairement posés, la réponse apportée sera-t-elle suffisante ? En effet, il n’est apparemment envisagé dans cette mouture du projet, que des minibus de 15 places pour les lignes principales et des véhicules de 9 places pour les boucles locales.
S’il est retenu dans les projets soumis à financement européens, le Conseil général tablerait sur une mise en exploitation progressive qui pourrait intervenir dès 2016, le 1er avril. Ça ne s’invente pas.
RR