Une formation HEC où les participants ne sont pas des loups de la finance de Wall street, mais de jeunes créateurs d’entreprise qui recherchent autre chose qu’«un univers impitoyable».
Chamsidine était salarié chez SFR. Puis un jour, il a décidé de sauter le pas, «j’ai beaucoup hésité avant de lancer mon entreprise de sous-traitance dans la téléphonie mobile». Il a depuis créé une boutique de sport et aurait bien d’autres idées mais craint de prendre de mauvaises décisions stratégiques en allant ainsi de l’avant. «Je dois aussi faire évoluer des choix». Il a donc décidé de profiter de la formation offerte conjointement par le cabinet 13°sud de Remy Exelmans et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte.
Sur deux jours, François Cazals qui n’est plus un inconnu sur l’île, va défaire les idées reçues en matière de stratégie. Cet enseignant à HEC qui a proposé la première formation en stratégie digitale à Mayotte il y a quelques mois, lançait aujourd’hui la première formation d’un vaste catalogue s’adressant aux dirigeants d’entreprise.
Les cinq stagiaires, qui ont déboursé 1.200 euros chacun, ont un parcours varié. Aux côtés de Chamsidine, il y a Marc, marié à une Mahoraise, qui a monté une agence de e-commerce et qui projette de créer une pizzeria-fast food. Nadirou a un parcours plus atypique puisque cadre dans la fonction publique, il s’intéresse au secteur privé, «je préfère la pression du marché à la pression des élus !»
Ben, lui, est arrivé à Mayotte en 2006 : «hors de question de tomber dans l’assistanat, j’ai créé ma boite de travaux de tous corps d’état. J’ai encaissé la crise et si mon chiffre d’affaires est maintenant à 80% dans la métallerie, je voudrais être certain de mes décisions de développement».
Il y a enfin Charlotte, qui représente l’association Gemtic, une trentaine d’entreprises œuvrant dans les nouvelles technologies. «Nous avons besoin de stratégies innovantes pour mettre en corrélation les entreprises de notre association sur des projets communs, mais aussi en matière de coopération régionale avec La Réunion, Maurice ou les Comores».
D’innovant, Océan bleu n’en a pas que le nom : «la stratégie synonyme de rivalité sur les marges ou de bagarre telle des requins dans un aquarium, est révolue. Cet Océan rouge se mue en un Océan bleu dans lequel le combat est banni», décrypte François Cazals. Une orientation donnée il y a deux millénaires et demi par un livre culte, «L’art de la guerre» de Sun Tzu, «soumettre l’ennemi sans combat». Un ouvrage référence aussi bien à l’Ecole de guerre qu’à HEC…
Les “étudiants” ont deux jours pour acquérir de nouveaux modèles et partager leurs acquis : «nous allons travailler sur les projets les uns des autres», assurait François Cazals.
Anne Perzo-Lafond
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