En surface comme dans les sous-sols, l’île a fait plus que recapitaliser le manque d’eau de ces dernières années : elle devrait affronter sereinement la période sèche… si la saison des pluies se termine comme elle a commencé!
Les mois de décembre, janvier et février se sont égrenés en suivant le rythme effréné des alertes fortes pluies et des vigilances orages cette année. Et tant mieux ! Car avec des réserves d’eau au plus bas au mois d’octobre 2013, les professionnels du secteur étaient sur le feu en décembre, mobilisés comme ils le furent début 2011 lorsque la pénurie menaçait. La Cellule de crise s’est d’ailleurs réunie deux fois avant que les fortes précipitations que nous avons connues ne viennent doper les réserves en eau.
La saison des pluies commence au mois d’octobre-novembre et se termine en avril-mai. Et le cru 2013-14 est très bon ! Un grand millésime… Les 1.083 millimètres d’eau tombés à Pamandzi depuis le mois de novembre ne diront rien à personne, mais «c’est 60% de plus que la moyenne, ce qui en fait la 10ème saison la plus pluvieuse depuis 1950», traduit Hervé Gasc, en charge de la station locale de Météo France. Et de fait, après avoir cumulé tous les relevés, il est tombé sur l’ensemble de l’île presque deux fois plus d’eau que l’année dernière à la même époque, qui avait de toute façon été une année particulièrement sèche.
Ouvrage phare de Mayotte, et vital en terme de stockage de l’eau potable, la retenue collinaire est un réservoir destiné à recueillir le plus d’eau possible sur une période donnée. Elles approvisionnent 80% de la consommation courante des ménages mahorais. L’île en compte deux, celle de Dzoumogné (stockage de 2 millions de m3) et celle située à Combani (1,5 M m3). Une 3ème est prévue à Ourovéni.
La retenue collinaire de Dzoumogné qui gardait son air maladif avec un niveau historiquement au plus bas en octobre 2013, a été remplie à un rythme quasiment exponentiel dès la deuxième semaine de janvier. Celle de Combani, la bonne élève, atteint généralement sa capacité maximum début mars… elle y est depuis le début du mois de janvier.
Prudence et longueur de temps…
Les nappes souterraines, dites «aquifères», suivent le même chemin. Elles sont mesurées à l’aide de piézomètres placés au niveau de forages : «celui de Beja étant au plus bas connu depuis l’année 2000, les fortes pluies de décembre ont seulement permis le retour à une situation proche des normales de saison. Ce qui représente un taux de recharge quasiment exceptionnel», indique Anil Akbaraly, Responsable Cellule Hydrométéorologie de la DEAL. Une mesure encourageante pour le forage d’eau potable du Sieam (Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte) situé en aval.
Un forage n’est pas représentatif de l’état général de l’ensemble des nappes phréatiques à Mayotte, «elles sont très compartimentées», mais sur les 25 piézomètres de l’île, les moyennes sont bonnes, voire très bonnes si l’on cite Combani «supérieur au maximum jamais relevé depuis 20 ans».
Une situation qui a vite fait de se retourner dans ce domaine : «à Miréréni, on est déjà sur une baisse de niveau. Il faut encore des pluies pour stabiliser l’ensemble»… Anil Akbaraly compte encore sur le mois d’avril pour boucler une saison des pluies favorable.
Mayotte est moins «hydrovore» que les autres territoires ultramarins avec ses 100 à 110 litres par jour et par habitant, contre 140 litres en Guyane ou 200 litres à La Réunion, mais la démographie aidant, le rythme de croissance de la consommation de 2,5% par an en moyenne a encore un fort potentiel. Les bons gestes évitant le gaspillage pour préserver une ressource précieuse sur une île sont donc toujours d’actualité.
Anne Perzo-Lafond
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