Avec 10 jours de retard pour de cause vacances scolaires, le lycée de Dembéni organisait sa «journée de la femme». Il y était question de droit, de sexualité, d’égalité et de créativité.
La journée de la femme, célébrée ce mardi au lycée de Dembéni, était l’achèvement d’un long travail pour les classes de terminales «Sciences et technologies de la santé et du social». «Nous avons planché toute l’année avec les élèves dans le cadre d’un projet d’établissement sur tous les problèmes de discrimination», explique Pascale Lotz, chef de projet et conseillère pédagogique au lycée de Dembéni.
Ateliers de réflexion, écritures et déplacements dans différentes structures pour rendre concrets les thèmes abordés, les terminales ont véritablement approfondi de nombreuses questions. «On sent les élèves très réceptifs sur la place des femmes dans une société où ce n’est pas toujours facile pour elles. Et beaucoup de garçons ont spontanément choisi de s’impliquer. Certains ont écrit de très beaux textes pour dire qu’ils ne trouvent pas normal de voir des femmes avec une éponge dans la main du matin au soir ou pour exprimer leur révolte face à des pères qui ne s’occupent pas de leurs enfants», relève Pascale Lotz.
Sexualité et grossesses précoces
Ces textes, joués comme des saynètes de théâtre devant les classes de secondes, abordaient mille questions, se jouant des clichés et affirmant le droit pour les filles de s’affirmer et de dire «non».
Des moments souvent drôles qui posaient aussi les questions de la sexualité et des infections sexuellement transmissibles, reprises également dans des ateliers.
Si les élèves mahorais sont rarement gênés par des tabous sur ces thèmes, le sujet revêt toujours une importance particulière à Mayotte. «Nous tenions hier un conseil de classe dans laquelle deux élèves sont enceintes, explique Eric Thimonier, proviseur du lycée de Dembéni. On est vraiment confronté à de nombreuses grossesses précoces et sans avoir à porter de jugement, c’est aussi notre mission de dire que c’est une question pour poursuivre ses études et s’engager vers une vie professionnelle et une forme d’émancipation».
Un lien vers le monde professionnel
L’établissement a également utilisé cette journée pour tisser des liens avec l’ensemble du réseau sanitaire et social* du département. Ainsi la caisse d’allocations familiales est venue animer un atelier «Concilier vie professionnelle et vie familiale» quand la mission locale amenait les lycéens à réfléchir sur la place des hommes et des femmes dans le monde professionnel pour arriver à une conclusion toute simple : «le métier n’a pas de sexe».
Parler de l’égalité, c’est enfin approcher les notions de droits avec l’ACFAV** sur «le suivi des plaintes» ou «la répression des violences faites aux femmes», présentées par Jean-Pierre Rieux, magistrat au Tribunal de grande instance de Mamoudzou et membre du CDAD, le Conseil départemental d’accès aux droits.
Le lycée de Dembéni a ouvert ses portes en 2011 et compte actuellement 1.100 élèves et 94 professeurs. L’établissement devrait encore faire parler de lui, en bouclant cette première année scolaire à plein régime avec d’autres opérations montées par les lycéens. Une semaine d’animations est programmée pour la semaine du développement durable au début du mois d’avril.
RR
* Voici l’ensemble des intervenants de cette journée : CDAD, CAF, Conseil général, Planning familial, REDECA, ACFAV, Mission Locale
**ACFAV : association pour la condition féminine et l’aide aux victimes
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