Dès 8 heures, les salouvas, boubous et djellabas envahissaient dans le calme les abords du tribunal de Mamoudzou. Ils venaient assister, dans un esprit de tolérance au procès de la tête de cochon.
Après un premier renvoi en février, avocats et procureur avaient eu le temps d’affuter leurs arguments, et les habitants avaient été appelés ? venir en nombre.
Ce n’était pas la grande foule, mais plus d?une centaine de personnes s??taient d?plac?es, et, une fois la soixantaine de places du tribunal occup?es, beaucoup d?entre elles restaient ? la porte, tr?s d?sabus?es?: ?je suis venu de Mzoizia?, explique Ali, ?j?ai demand? une journ?e ? mon employeur, et je ne pourrai pas ?couter l?audience ? Aucune v?h?mence dans le propos, ?juste une grande d?ception?. Une dizaine de policiers encadrent l’entr?e de la salle et ses abords.
Si habitants et religieux sont l?, ce n?est pas par esprit de revanche ou de pol?mique, ni m?me pour obtenir un jugement exemplaire, ?nous voulons juste que les coupables soient pr?sents pour qu?ils comprennent la port?e du geste de d?poser une t?te de cochon devant une mosqu?e?. Sur les trois pr?venus, un seul s’est d?plac?, le gendarme maritime dont la femme a commis la profanation.
“Des excuses seraient un acte de courage”
Ils sont donc une vingtaine ? s?approcher des portes pour ?couter, ?c?est une audience publique?, dit l?un, ?pourquoi ne peut-on pas assister?? La salle d?audience vient encore de faire la preuve de sa petitesse ? l?heure o? les justiciables sont de plus en plus nombreux. Le brouhaha incite ? plusieurs reprises le charg? de mission sur l?avenir de la Justice cadiale ? sortir de la salle pour leur demander de s??loigner.
Aucun micro dans la salle d?audience, aucun renvoi vers l?ext?rieur, les personnes pr?sentes dans le calme n?entendront donc pas l?avocat de la femme du militaire indiquer qu?elle est pleine de remords. Dehors, un Mahorais habill? ? l?occidentale s?exprime?: ?il serait tellement plus facile que le seul pr?venu ? la barre se pr?sente devant nous, hommes et femmes pacifiques, pour pr?senter ses excuses. Cela apaiserait les foules? un geste que nous respecterions pour son courage?.
La vice-pr?sidente de la R?gion R?union, Yolaine Costes, en visite ? Mayotte pour son intervention au Conseil g?n?ral demain jeudi sur la coop?ration europ?enne, et en campagne pour les Europ?ennes, tenait ? assister ? l?audience, ?pour repr?senter la solidarit? des R?unionnais aupr?s des Mahorais?.
La poursuite et la fin de l’audience ?taient accompagn?es par des pri?res, en sourdine.
Anne Perzo-Lafond
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