Elles avaient fleuri il y a quelques années à Mayotte, puis leurs installations avaient été freinées: les bornes fontaines refont leur apparition dans les villages.
L’Agence Régionale de Santé Océan Indien et le Syndicat de l’Eau et de l’Assainissement de Mayotte (Sieam) ont organisé ce samedi 19 avril 2014 l’installation de deux bornes fontaine à Kahani avec l’aide de la mairie de Ouangani. Elles concernent les quartiers de «Comprané» et «Cardja Vendza» qui ne sont pas raccordés au réseau de distribution d’eau potable. Les bornes, qui appartiennent désormais au SIEAM, permettent à la population munie d’une carte (en vente à la SMAE), de récupérer le volume d’eau souhaité.
Début janvier 2014, l’ARS OI a missionné la Croix Rouge pour réaliser une enquête initiale dans ces deux quartiers afin de connaître le contexte d’intervention (lieu, environnement), identifier les différents blocages et contraintes qui pourraient restreindre l’utilisation des bornes. Selon l’ARS, les habitants de «Comprané» ont souhaité disposer d’une borne fontaine qui leur permettra de réduire leurs factures d’eau contractées auprès de voisins abonnés et garantir un approvisionnement permanent, alors que les habitants de «Cardja Vendza» sont réticents et déclarent vouloir continuer à utiliser deux puits à proximité, dont l’eau est impropre à la consommation.
Le samedi 19 avril 2014, l’ARS OI et l’IREPS ont organisé des séances de promotion de la santé visant à inciter les habitants à utiliser l’eau des bornes fontaines pour les usages alimentaires en mettant en avant les bénéfices pour la santé et à améliorer leurs pratiques afin de garantir la potabilité de l’eau dans les logements. Le message diffusé visait l’utilisation de l’eau potable “qui doit faire l’objet d’une attention particulière lors du puisage et doit être transportée et conservée dans des récipients propres et fermés pour éviter les contaminations avec les mains au moment du stockage”. L’ARS OI a distribué à chaque famille un jerrycan équipé d’un robinet et un seau muni d’un couvercle.
1 habitant sur 4 n’a pas accès à l’eau courante
A la fin de l’année, la Croix Rouge effectuera une mission d’évaluation sur ces quartiers, destinée à comptabiliser le nombre de familles qui utilisent l’eau des bornes fontaines pour les usages alimentaires et mettre en lumière les freins et leviers d’action. Une comparaison des usages de l’eau avant et après installation des bornes fontaines permettra d’améliorer les actions de promotion de la santé dans le domaine de l’eau.
L’objectif est de lutter contre la propagation des maladies liées à la consommation d’eau impropre. Pour y parvenir, l’ARS se donne une programmation de dix bornes par an.
À Mayotte, 25 % des habitants n’ont pas accès à l’eau dans la maison ou dans l’enclos (recensement INSEE de 2007). Consommer une eau non potable présente des risques pour la santé. Même l’eau dite propre, c’est-à-dire claire, peut contenir des substances à risque pour la santé humaine. Le choléra, l’hépatite A, la fièvre typhoïde, la diarrhée, la gastro-entérite, sont des maladies qui peuvent être provoquées par la consommation d’eau souillée par des matières fécales contenant des agents pathogènes (germes, bactéries, virus…).
L’ARS OI est chargée d’organiser et de mettre en œuvre le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation. Outre cette mission, ses actions portent également sur l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour tous. L’installation de bornes fontaines monétiques (BFM) a été initiée comme action de prévention prioritaire, en 2000, avec l’apparition de cas de choléra à Mayotte.
Depuis 2010, l’Agence et ses partenaires ont repris ce programme pour les populations les plus démunies présentes dans les quartiers d’habitat précaire. Cette priorité a été confirmée par les acteurs locaux de la prévention lors du débat sur la Stratégie nationale de santé, qui s’est tenu à Sakouli le 21 janvier 2014.
Cette démarche s’inscrit également dans la mise en œuvre du Projet de Santé de La Réunion et de Mayotte, ainsi que dans les politiques de santé qui sont déclinées au sein des territoires, notamment à travers les contrats locaux de santé.
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