Virginie Auger a remporté le Run des Tortues le week-end dernier. Son mari, Sébastien, attendu lui aussi sur le podium s’est blessé. Portrait d’un couple d’athlètes à part.
Dans un couple de sportifs, quand l’un se blesse dans une compétition, le deuxième peut quand même se retrouver sur le podium. C’est ce qui s’est passé le week-end dernier avec la famille Auger. Virginie a remporté le Run des Tortues alors que son mari, Sébastien, attendu sur la plus haute marche du podium, s’est blessé au 4e kilomètre.
«Dans la partie du lac Ziani, j’allais très vite probablement à 17 ou 18 km/h, confie-t-il. J’ai mal négocié un petit rocher qui dépassait et ma cheville s’est posée en oblique.» Impossible dans ces conditions de finir l’épreuve. Ouildane Idrissa, lâché à ce moment de la course, peut finalement aller au bout de l’épreuve sans être inquiété.
Sébastien Auger s’en tire avec une entorse externe, un arrachement de ligaments et une punition : une interdiction de toute pratique sportive pendant un mois. Adieu le Mahoraid 2014. La course dont il a fini 2e les deux dernières années, a lieu dans 3 semaines. «Du coup, je suis obligée de faire le Mahoraid!» sourit Virginie. Elle ne vise pas une place aussi prestigieuse que son mari mais aborde l’épreuve plutôt comme une préparation pour la diagonale des fous au mois d’octobre à La Réunion.
Des parcours d’athlètes de référence
Ces deux-là ont surgi dans le paysage sportif mahorais en décembre 2011, trois mois après leur installation dans notre département. Personne ne les connait encore lorsqu’ils participent à une course «run & bike» organisée par le club de triathlon, une épreuve de relai en duo où alternent course à pied et VTT. Ils remportent le titre dans la catégorie équipe mixte, juste derrière les frères Idrissa. «Tout le monde s’est demandé, c’est qui ces deux-là ?» se souvient Virginie.
Depuis, licenciés au RCM, ils trustent les titres, un palmarès mahorais impressionnant qui est cependant dans la droite ligne de leur histoire sportive*.
Ces deux athlètes se sont longtemps croisés dans les compétitions et championnats de Métropole avant de réellement se rencontrer, avec comme décor la Côte d’Azur. «Après une course sur les îles de Lérins, nous étions assis l’un à côté de l’autre sur le bateau de retour à Cannes. C’est là qu’on a pris le temps de commencer à nous connaître» confient-ils en chœur.
C’est donc leur discipline commune, le cross-country dont il détient 3 titres nationaux, qui les a réunis. «On est passé au trail, explique Virginie, parce que pour moi, après deux grossesses, ce n’était pas facile de m’entrainer. Et puis, arrivés à Mayotte, comme on souhaitait continuer à faire de la course à pied et de la compétition, on n’a pas eu le choix.»
Un regard bienveillant sur tous les athlètes mahorais
«C’est évidemment plus facile de faire un podium à Mayotte qu’en Métropole, surtout au regard de mon niveau», explique sobrement Sébastien Auger. Ni lui ni Virginie n’ont cependant le sentiment d’avoir à prouver quelque chose. Ils aiment la course à pied et prennent du plaisir à regarder évoluer les athlètes de l’île. «A Mayotte, la plupart des bons coureurs sont un peu en
deçà d’un bon niveau en course à pied, en revanche, techniquement, ils sont excellents sur les trails», analyse Sébastien. Pour eux, Ali «black» Fahari, les frères Idrissa ou Mohamed Kaddafi méritent d’être salués et «mis en avant, tous de la même façon». Certains sont même de belles rencontres comme Soulaima Riziki.
Quant à la jeune génération, Virginie a déjà remarqué les résultats des frère Abdou, Soyadd et Irchad, 2e et 3e du Run des tortues, des jeunes qui pourraient rapidement prendre une autre dimension. «Le problème à Mayotte, c’est qu’il y a peu de gens qui encadrent pour le bien-être du sportif, sans arrière-pensée ou intérêt personnel, simplement pour amener ces jeunes vers un bon niveau voire le haut niveau», regrette Sébastien.
Avis aux compétiteurs : la famille Auger est encore à Mayotte pour un peu plus d’un an ! Il termine son contrat au commissariat de Mamoudzou en tant que brigadier-chef. Elle achève le sien à l’Université de Dembéni, chargée de la formation des maîtres. Quelques belles courses les attendent encore à Mayotte mais aussi à Madagascar et Maurice.
Mais déjà, ils commencent à suivre les progrès du petit. Leur fils, Tamatoa Auger, a fini 1er de sa course au Trail des Makis… dans la catégorie des 4 ans.
RR
Pour voir les résultats complets du Run des Tortues, c’est par ici, sur le site officiel de la course.
* Leurs podiums sont une liste sans fin : pour elle, deux fois le Run des tortues (la première fois, elle s’est perdue), Sainte-Geneviève, Mzouazia, L’autre bout de l’île, le 10km de Mamoudzou (où elle termine 5e féminine, 1ère locale)… Pour lui, le trail des makis, les 10km de Kawéni, la précédente édition du Run des tortues… Un palmarès mahorais qui fait suite aux Championnats de France et coupe d’Europe en 3.000m steeple, une place de 2e aux championnats de France de relai 4 x 1.500m sans parler de tous les titres en équipe de France Police et des titres régionaux pour lui, un haut niveau universitaire en 400m haies pour elle.
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