L’île est d’un coup très aimée par tout un tas de monde, en particulier les Réunionnais. Les candidats à l’eurodéputation se succèdent à des rythmes effrénés. Les surenchères pleuvent, les enjeux sont aussi personnels. Le socialiste Philippe Le Constant parlait ce lundi de ses propositions.
La liste PS « Choisir notre Europe » de Philippe Le Constant parle d’une autre Europe, « pas celle de la finance que la droite au pouvoir à Bruxelles nous a concocté depuis 20 ans, mais orientée vers l’humain », répète-t-il.
S’il revient devant les micros, c’est qu’il l’avait promis, mais aussi, parce que certains candidats prennent beaucoup de place à Mayotte. Car si Philippe Le Constant affiche un seul adversaire, « la droite », lui et son principal soutien le député Aboubacar ne peuvent s’empêcher de dénoncer « les usurpateurs, ceux qui reprennent la Rupéisation à leur compte ».
A peine désigné, le député européen sortant Younous Omarjee est la plus grande menace. Il connaît les dossiers mahorais pour les avoir déjà défendus, n’hésite pas à s’impliquer dans les débats de société, et c’est celui qui va prendre des voix de gauche, soutenu qu’il est officiellement par le président du Conseil général Daniel Zaïdani, dont le parti MDM avait conclu une alliance avant les élections municipales. « Nous faisons confiance à la famille socialiste. Le Nema et l’Alliance de Bacar Ali Boto nous soutiennent », déclarent en chœur les deux hommes.
Le Front national en tête
Des contacts ont été noués au cours des trois jours de meeting ce week-end, à Mamoudzou, Sada et Mtsangamouji. « Nous sommes le seul groupe puissant au Parlement à pouvoir contrer la droite ». De plus, Ibrahim Aboubacar affiche l’atout que représente un parti du même bord que la majorité gouvernementale : « la défense de nos idéaux au Conseil des 28 Etats membres, et l’élection, par les eurodéputés du président de la Commission*. »
L’autre grand adversaire est « l’anti-européen », représenté par l’extrême droite que les inévitables sondages placent en tête en France, à 6 jours du scrutin : « le retrait de l’Europe serait un recul que les Outre-mer ne peuvent se permettre », souligne Philippe Le Constant.
Un état des lieux qu’arbitre actuellement le Traité Transatlantique (TAFTA), brandi comme une menace, notamment par Front de gauche et Front national, et qui peut expliquer l’euroscepticisme montant.
Les salaires des eurodéputés
L’île aura rarement vu autant de candidats défiler. C’est que l’enjeu n’est pas qu’idéologique. Les députés heureux élus vont percevoir 6.200 euros nets mensuels, auxquels il faut ajouter pour chaque jour de présence aux réunions 304 euros, et une indemnité de frais généraux de 4.300 euros par mois (frais de bureau, de communication, d’équipement etc.). Les frais de transport sont couverts par une indemnité de voyage de 4.243 euros par an (Chiffres : droit-finances.commentca marche.net).
On comprend que les 73.609 électeurs mahorais soient courtisés.
Le candidat PS l’a répété, Mayotte aura besoin d’un accompagnement pour mobiliser les crédits destinés à consommer les 340 millions d’euros de fonds structurels. Comité régional des Pêches, coopératives agricoles, abattoirs, « nous favoriserons l’implantation d’une banque de développement ou d’investissements », indique Soilihi Ahamada, le candidat mahorais de la liste. Elle sera en réalité la Banque Publique d’Investissement, en cours d’implantation à l’AFD.
Le Mahorais annonçait, comme ses concurrents du Grand Centre, l’implantation d’une permanence locale, « notamment pour renseigner sur la réglementation européenne ».
C’est maintenant qu’il faut se mettre au travail, rappelait Ibrahim Aboubacar qui, en tant que parlementaire a un vrai rôle à jouer pour aider à l’implantation des outils nécessaires à l’investissement dans les projets, « nous avons obtenu des dérogations avec une convergence vers les acquis communautaires dans 15 ans, c’est court ! ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Les cinq candidats à la présidence de la Commission sont le président actuel du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz (socialiste), le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (chrétien-démocrate), le Belge Guy Verhofstadt (libéral), l’Allemande Ska Keller (écologistes) et le Grec Alexis Tsipras (gauche radicale).
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