Le Bassin Sud Océan Indien vient d’être créé dans une logique de régionalisation de la politique maritime. Il génère avancées et inquiétudes.
Un décret publié ce jeudi 15 mai au Journal Officiel crée de nouveaux bassins maritimes ultramarins et les Conseils maritimes qui devront les gérer.
Quatre bassins sont définis Outre-mer : le bassin « Antilles » regroupant la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le bassin « sud Océan indien » englobant La Réunion, les Terres australes et antarctiques françaises et Mayotte, le bassin « Guyane », le bassin « Saint-Pierre-et-Miquelon ».
Une création made by l’administration au moment où le gouvernement veut réduire le mille-feuilles administratif et donner naissance à de supra-régions. De fait, en proposant un périmètre élargi, ce nouveau Bassin va englober Mayotte dans un ensemble où le Parc Naturel Marin risque d’être englouti.
Entre idéal et réalité
Le Conseil Sud Océan indien va donc être décisionnaire des orientations du lagon mahorais puisque ses prérogatives tournent autour de 4 points : la protection des milieux, des sites et de la ressource, la prévention des risques et du trait de côte, la connaissance, la recherche et la formation aux métiers de la mer et enfin le développement durable des activités économiques, maritimes et littorales.
On n’en finit plus de créer des outils de préservation et de prévention, et à Mayotte, les eaux usées se déversent toujours par endroit dans le lagon…
Ce Conseil est présidé par les trois préfets concernés, La Réunion, Mayotte et TAAF, et sera composé au maximum de 80 membres. Aux côtés de l’Etat et des collectivités territoriales « qui ne devront pas être représenté à plus de 65% », précise le décret, on trouve les entreprises, les organisations syndicales et les associations dont l’activité est liée à l’exploitation ou à la protection de la mer ou du littoral, des scientifiques.
Inquiétudes chez les pêcheurs
Le Parc Naturel marin devrait donc y être présent au travers de l’Agence des Aires Marines protégées, mais qui n’est pas explicitement citée, et pour cause : « nous allons changer de nom pour nous appeler Agence de la biodiversité », indique Cécile Perron, directrice-déléguée du Parc Naturel Marin de Mayotte qui se dit vigilante sur la formation du Conseil maritime Sud Océan Indien et sa politique, « il faudra une compatibilité avec notre Plan de gestion ».
Soulignons en passant, que le projet de loi qui consacre la création d’une Agence de la biodiversité, adopté le 26 mars en Conseil des ministres, devrait être présenté à l’Assemblée nationale le 24 juin. Mais il avait été élaboré par Philippe Martin, alors ministre de l’Ecologie, remplacé depuis par Ségolène Royal…
Quant aux pouvoirs
du Conseil maritime, ils sèment l’inquiétude chez les pêcheurs professionnels mahorais qui se demandent une nouvelle fois si leur activité encore très artisanale sera compatible avec une politique globale à échelle régionale. La préservation de la ressource est à vision kaléidoscopique avec des objectifs différents à La Réunion, à Mayotte ou dans les Terres Australes et Antarctiques…
Cette nouveauté permettra sans doute une vision plus globale en matière de recherche scientifique, « notamment sur l’étude des baleines à une échelle plus grande », constate Cécile Perron.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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