Fête la plus importante de l’islam selon certains religieux, elle était différemment fériée en fonction des secteurs ce mardi 27 mai 2014. Une semaine qui a la particularité de fêter deux ascensions !
A Mayotte, ce jour de Miradji* a des allures de lundi de Pentecôte* de l’après Raffarin. Une grande cacophonie. Premier ministre, celui-ci avait en effet décrété en 2005 que ce jour (lendemain de la venue de l’Esprit Saint pour les catholiques), qui ne correspondait plus à aucune liturgie particulière, serait dédié à une journée de solidarité nationale. Mais chacun le suivit selon son bon vouloir, on ne savait plus à quel saint se vouer…
C’était le cas ce jour de Miradji à Mayotte où la plupart des administrations étaient fermées au public, mais travaillées pour les cadres ou quelques salariés comme à la DIECCTE**. A la Préfecture, on rattrape cette journée par un prolongement horaire réparti sur le reste de l’année, quand le Centre hospitalier fonctionnait comme un dimanche, alors que les écoles, collèges et lycées étaient ouverts, de même que les écoles coraniques, mais pour la bonne cause diront les religieux.
C’est un jour comme les autres pour certaines entreprises, pas pour d’autres : la société Total Mayotte est à mi-chemin puisqu’au siège, tout le monde bosse, mais prise de court malgré tout puisqu’elle nous signalait des stations ouvertes comme pour le jeudi de l’Ascension à venir, «uniquement de 8h à 14h. Celles de Majicavo et Longoni sont fermées».
Le laïque, le religieux et la morale
Pour Mohamed Nassur El Mamouni, Chargé de mission du Conseil général sur l’avenir des cadis dans le département, ce jour devrait être férié pour tous, «je considère qu’il est le plus important de tous. Avant même les deux Ide. Il correspond à l’ascension nocturne du prophète Mohamed. Moussa, que les catholiques appellent Moïse, l’a incité à demander à Dieu de modifier nos 50 prières en 5 quotidiennes. Or, la prière est le moyen de communication entre l’être musulman et Dieu. C’est le plus beau cadeau qu’on puisse recevoir».
Dans son optique de préserver le rôle des cadis, il considère logiquement que c’est un droit acquis au fil des années, inscrit dans la coutume, «comme les fêtes catholiques. La laïcité n’est pas synonyme d’exclusion des religions, elle est au contraire là pour les protéger».
Enfin, le religieux maintient qu’il est un devoir d’enseigner ces étapes de la foi aux enfants, «de leur transmettre des connaissances qui nous élèvent et pas seulement celles qui nous rabaissent». S’opposant en ce sens à la décision du vice-recteur de maintenir les cours. Une époque qu’a connue la Métropole, quand le curé s’opposait à l’instit, retracé dans les romans de Pagnol, ou le maire au religieux dans Don Camillio.
Le Miradji n’est pas marqué par une prière spécifique, contrairement à la fête de l’Ascension de ce jeudi pour les catholiques (Ascension de Jésus vers Dieu, quarante jours après sa résurrection), «mais par toutes les prières. C’est la fête pour nous !», conclut El Mamouni.
En tout cas, on circulait bien autour de Mamoudzou ce matin, comme un encouragement aux jours fériés.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*Quatre jours fériés du calendrier sont obligatoirement chômés et payés à Mayotte : les 1er Janvier, Lundi de Pâques, 1er Mai, et Aïd el Kébîr.
Quant aux autres jours fériés, il est accordé la possibilité de les travailler ou de ne pas les travailler : les 27 Avril (Abolition de l’esclavage), 8 Mai, Jeudi de l’Ascension, Lundi de Pentecôte, 14 Juillet, 15 Août (Assomption), 1er Novembre (Toussaint), 11 Novembre, 25 Décembre (Noël), Miradji, Aïd el Fitr, Maoulida.
**DIECCTE : Direction des entreprises, de la consommation, de la concurrence, du travail et de l’emploi.
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