Les responsables nationaux de Médecins du Monde, du Secours catholique et d’Apprentis d’Auteuil mobilisent Mayotte autour de sa jeunesse. Ils se donnent un temps raisonnable pour aboutir et apporter des solutions à ses problèmes.
Pas question d’apporter des solutions toutes faites depuis Paris. Les présidents des trois associations présents à Mayotte depuis le début de la semaine ont beaucoup écouté et rencontré. Mais ils savent aussi que pour résoudre les vastes problèmes auxquels est confrontée la jeunesse à Mayotte, les solutions doivent être trouvées localement pour ensuite être puissamment relayées en Métropole.
Pour eux, la première priorité réside dans l’établissement d’un constat reconnu par tous. «Toutes les analyses sur la jeunesse sont loin d’être convergentes, ni sur la situation ni sur les causes», explique François Soulage, le président du Secours catholique. Impossible, dans ces conditions, de travailler à des solutions qui ne seraient pas totalement partagées. D’autant qu’Olivier Lebel, le directeur général de Médecins du monde, rappelait que si les trois structures sont complémentaires dans leur action –lutte contre la pauvreté, pour l’accès à la santé et aux droits, et action sur la formation des jeunes- leur rôle d’est pas de travailler pour les jeunes mais avec les jeunes.
Les structures ont décidé d’utiliser les méthodes éprouvées lors de la création du plan de lutte contre la pauvreté au niveau national, des rencontres de travail qui débouchent sur une feuille de route concrète et précise. Tout le monde est mobilisé : «le préfet, les services de l’Etat, le conseil général et ses services, les partenaires sociaux classiques –syndicats, patronat…- et les associations vont devoir travailler ensemble sur trois ou quatre thèmes». Il s’agit de dégager un consensus sur les causes pour enclencher des solutions. «Il faut du temps», a prévenu François Soulage. «Il faut deux ans pour que cela aboutisse. Ni plus, car au-delà rien n’aboutit, ni moins car il faut prendre de le temps de faire les bons choix.»
Les pistes des associations
Les structures ont tout de même avancé quelques pistes qui leur semblent importantes. L’acquisition de la langue française est «la chose la plus importante» pour le secours catholique.
Médecins du Monde pointe, de son côté, les difficultés d’accès aux soins et aux droits. L’association aimerait «arriver à une affiliation directe des mineurs à la sécurité sociale, indépendamment de la situation administrative des parent». L’ONG s’inquiète aussi du nombre de jeunes «qui se voient sans avenir ce qui aboutit à un problème de cohésion sociale sur l’île.»
Quant à Apprentis d’Auteuil, elle met en avant les besoins de dialogue mais aussi de dispositifs qui s’installent dans le temps.
Tous s’accordent sur l’importance de la coopération régionale car les questions auxquelles est confrontée Mayotte ne peuvent être résolues sans regard vers les îles voisines.
Une carte d’identité républicaine
Enfin, Bernard Lesterlin, député de l’Allier et membre de la commission Outre-mer, mettait en avant un dispositif instauré par le gouvernement de Lionel Jospin et parfaitement inconnu : le «titre d’identité républicain». Il s’agit d’une carte d’identité pour les enfants nés sur le territoire national de parents étrangers dont pourraient se prévaloir les jeunes, en particulier lors de contrôles de police. «La mise en place de ce dispositif serait de nature à faire baisser la tension» et à conforter les jeunes dans une identité républicaine.
Les acteurs locaux ont désormais une mission précise. Cette fois, ce sont eux qui doivent apporter les solutions à Paris pour que le message soit pris en compte.
RR
Le Journal de Mayotte
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