L’audience correctionnelle de ce mercredi matin devait juger deux affaires importantes, toutes deux renvoyées. Une troisième se penchait sur une agression sexuelle sur mineur.
Ce matin deux grosses affaires devaient se juger au tribunal correctionnel. La première concernait un ancien maire de Mtsangamouji, Ahamada Ousseni, contre lequel son successeur avait déposé une plainte pour prise illégale d’intérêt, lui même l’objet d’une plainte par l’actuel maire pour détournements de fonds publics… on a de la suite dans les idées à Mtsangamouji. Une erreur dans la citation a renvoyé l’affaire, la date n’est pas encore connue.
La seconde concerne un homicide involontaire au sein de la société MAMI, qui sera renvoyé au 3 décembre.
Entre ces deux renvois et le seul jugement de la journée se sont écoulées deux heures. Deux heures de recherche d’un avocat, après un long appel des affaires du jour. Un manque cruel d’huissiers qui implique la présidente du tribunal dans un travail de vérification qui n’est pas son rôle et qui gaspille le temps précieux des magistrats et avocats.
La seule affaire retenue était une des plus glauque. Un homme A.S. est accusé d’agression sexuelle sur un jeune de 15 ans. En détention provisoire, il arrive menotté au tribunal, ne fuit pas le regard et répond aux questions d’une voix forte.
Les revirements du prévenu
F. dormait dans le banga qu’il occupe avec sa sœur à Sada ce 19 octobre quand A.S. entre et, d’après l’adolescent, lui enlève sa culotte, tente de le pénétrer, n’y parvient pas et frotte son sexe contre les cuisse du jeune garçon (gouroua). F. expliquera aux gendarmes avoir été maintenu par les épaules, tout en mimant le geste. Le détail est important car ce sera parole contre parole.
Le prévenu nie tout en bloc, parle de règlement de compte à la suite d’un vol de moto dix ans auparavant. Il habite le banga voisin. Justement, la sœur de F. indique être entrée à ce moment, découvrant l’homme nu et le short de son frère couvert de sperme.
Mais lors de sa garde à vue, A.S. changera plusieurs fois de version, indiquant tour à tour avoir trop bu pour se souvenir de quelque chose, puis d’être resté lucide. Il a déjà été condamné à 5 ans de prison en 2008 pour vol avec arme, ses comparses avaient violé l’occupante des lieux. Il est en situation irrégulière.
C’est ce manque de crédibilité que retiendra le procureur Joël Garrigues pour entrer en voie de condamnation, soulignant que si F. et sa sœur avaient monté un complot, ils auraient trouvé un acte plus grave qu’un simple gouroua pour le faire.
L’avocat du prévenu, Me Simon relève cependant plusieurs incohérences. Mais auparavant, il soulignait que « la requalification de l’acte qui est criminel au départ puisqu’il y a tentative de viol, en agression sexuelle jugée en correctionnelle est la preuve que les doutes doivent bénéficier à l’accusé ».
Mais surtout, le short a été lavé deux fois avant qu’on tente d’y prélever des traces d’ADN, la jeune sœur en situation irrégulière ayant hésité à déposer plainte, rapportait la présidente de l’audience Marie-Laure Piazza. Malgré tout, les enquêteurs essaient d’y relever des preuves : « on ne retrouve des traces de sperme que du jeune garçon », souligne l’avocat, qui s’interroge sur les pratiques solitaires de F. « avec le short qu’il portait quand il a été abusé sexuellement ! ».
Il le répètera, « mon client n’est pas forcément très sympathique », mais ne met pas plus en doute sa crédibilité que celle du jeune garçon.
La condamnation est tombée peu après des juges réunis en collégialité : 3 ans de prison ferme.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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