La compagnie aérienne Ewa et le projet hôtelier dans la zone aéroportuaire de Pamandzi sont toujours dans le viseur du réseau entrepreneurial qui s’élève pour «défendre les intérêts de l’île».
Le réseau entrepreneurial de Mayotte à Paris fait à nouveau parler de lui dans le dossier Ewa. Alors qu’il avait déjà fait connaître son mécontentement, il annonce avoir engagé un cabinet d’avocats d’affaires parisien pour étudier l’actionnariat et «la position d’Ewa vis-à-vis de Mayotte». Tard dans la soirée d’hier, il a mis en ligne un rapport dans lequel il a rassemblé ses arguments et prises de position.
Le réseau dénonce d’abord l’actionnariat de la compagnie aérienne. Si Air Austral a «fait des apports en industrie et en nature», les investisseurs mahorais, Ylang Invest et la CCI de Mayotte, ont apporté «la totalité des capitaux nécessaires» à la constitution de la société «soit près de 2,4 millions d’euros». Pourtant, Mayotte ne dispose que de 22% du capital de la société. Le rapport demande donc de relever cette part : «Il est communément admis qu’Ewa est une aviation mahoraise, c’est pourquoi il est légitime que les parts d’actionnariat de Mayotte reflètent la représentativité de cette image, à savoir que Mayotte doit pouvoir disposer au moins de 40 % dans Ewa.»
«Violence économique»
Pour le réseau entrepreneurial de Mayotte, le «contrat de partenariat entre Ewa et Mayotte est manifestement affecté d’un vice de violence économique» et il devrait donc être annulé. Le rapport explique ainsi : «Le sous-développement de Mayotte, la faiblesse de ses moyens notamment en aéronef, le manque de formation des Mahorais en technicité et en ingénierie, la frilosité des banques à soutenir des projets d’envergure pour Mayotte, a inexorablement conduit la compagnie d’Air Austral a imposé un contrat d’adhésion aux Mahorais ; contrat stipulant des parts d’actionnariats dérisoires pour Mayotte.»(sic). Cette situation de «dépendance économique lors de la souscription du contrat de partenariat» aurait donc, si on en croit le réseau, «affecté son consentement».
Air Austral aurait ainsi placé Mayotte dans un état de «subordination économique», ce qui l’aurait amené à facturer «au prix fort» la location de son ATR 72 à Ewa moyennant 1,08 million d’euros par an.
L’hôtel de l’aéroport, projet «très néfaste»
Mais le réseau entrepreneurial de Mayotte à Paris n’a pas seulement Ewa dans son viseur. Il s’en prend aussi au projet hôtelier dans la zone aéroportuaire portée par la SNS Lavalin, la société gestionnaire des infrastructures. C’est toujours le positionnement de l’hôtel qui est remis en question : selon les termes du rapport, «sur cette zone aéroportuaire, le gestionnaire de l’Aéroport de Pamandzi, SNC Lavalin, va construire un hôtel de basse gamme de 2 ou 3 étoiles alors qu’un hôtel 4 étoiles et plus, permettra d’accueillir des hommes d’affaires et faire parler de Mayotte au travers des médias français et internationaux, des brochures et portails internet (à l’exemple du site www.hotels-de-luxe.com qui assure une promotion mondiale des destinations de rêve) destinés à cette clientèle, ce qui ferait une promotion mondiale et gratuite pour Mayotte. Et Mayotte pourrait même intégrer l’association Relais et Châteaux. Un rêve pour les Mahorais, un niveau d’excellence pour Mayotte.»
Avec un tel projet d’hôtel deux ou trois étoiles, Mayotte s’accrocherait à un projet «très néfaste pour Mayotte et pour sa jeunesse» et chercherait «à minimiser son potentiel de destination de rêve».
Le réseau se dit «disposé à collaborer avec le Conseil Général de Mayotte pour défendre les intérêts de l’île». On ne sait pas si cette volonté ira au-delà de la rédaction de ce simple «rapport».
RR
Le Journal de Mayotte
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