Les cinq représentants du personnel licenciés par la Sodifram créent la structure mahoraire de la FGTA, la branche distribution et commerce de Force ouvrière. Les anciens syndicalistes se veulent plus puissants que jamais.
Impossible de connaître l’importance qu’aura à Mayotte l’onde de choc provoquée par le licenciement des cinq salariés, représentants syndicaux et/ou du personnel au sein du groupe de distribution Sodifram. Car ces cinq figures du syndicalisme local ont déjà trouvé un nouvel employeur : il s’agit tout simplement du syndicat Force ouvrière et plus exactement de sa branche nationale FGTA dédiée à la distribution ! «La direction de la Sodifram ne voulait plus entendre parler de nous, non seulement ils vont continuer à nous voir, mais en plus, on sera plus puissants que jamais !» affirme l’une d’eux.
La FGTA, un sigle qui signifie Fédération générale des travailleurs de l’agriculture, de l’alimentation, des tabacs et des services annexes, défendait à l’origine les salariés agricoles. Son champ d’action s’est ensuite étendu à l’agroalimentaire et finalement à de nombreuses activités : coiffure-esthétique, hôtellerie-restauration, services à la personne, artisanat alimentaire, salariés de l’agriculture et bien entendu, la grande distribution.
La donne syndicale « a changé »
A la suite des différents mouvements qui ont agité la Sodifram, la FGTA-FO a souhaité s’implanter à Mayotte et ce sont donc les cinq anciens de la Sodifram qui vont constituer son noyau de permanents.
«Nous allons bénéficier du savoir-faire de la FGTA et de notre propre expérience. J’ai été 18 ans à la Sodifram et délégué syndical pendant plus de 15 ans», rappelle Taanlabi Mouhoudoir, ancien délégué syndical licencié. «La FGTA est un syndicat majoritaire, puissant, et respecté en Métropole», rajoute le secrétaire départemental de FO Mayotte El Anzize Hamidou, qui souhaite que les enseignes mahoraises du secteur prennent conscience que la donne syndicale a changé.
Ce lundi matin, FO avait organisé une petite manifestation, une «journée républicaine de mobilisation et de solidarité contre l’injustice sociale» et pour «dénoncer la répression syndicale». Après un rassemblement dans la zone logistique de Kawéni, une marche s’est élancée vers le centre de Mamoudzou. «Ce rassemblement est un appel au dialogue social alors qu’à Mayotte on préfère la loi de la jungle aux règles républicaines. On parle de nous comme des fauteurs de troubles mais quand on défend ses droits, on n’est pas des fauteurs de troubles. On résiste à l’oppression !»
Syndicalisme «indépendant»
La mobilisation n’était pas très importante, mais l’intérêt de ce rassemblement était surtout ailleurs. Drapeaux et casquettes, le matériel de la FGTA était déjà arrivé et distribué aux grévistes présents.
Car, à la Sodifram, il y a un enjeu particulier : les élections des représentants des délégués du personnels sont prévues dans un mois. «La direction a licencié ceux qui permettaient à FO de repasser sans problème», explique-t-on du côté du syndicat. «Ils ont été licenciés parce qu’ils représentent un syndicalisme indépendant face à un syndicat ‘fait maison’ que la direction de la Sodifram tente de mettre en place», une référence à CGT Ma qui essaie de construire une nouvelle force syndicale au sein du groupe.
«Nous sommes confiants pour l’avenir, aussi bien dans notre présence à la Sodifram et ailleurs, affirme Taanlabi Mouhoudoir. Nous allons nous battre pour créer des sections syndicales partout, remporter les élections et engager des discussions. Il y a beaucoup de choses à rattraper et de nombreux comportements à changer. Nous serons là partout où la défense des salariés appelle un syndicat puissant».
Si la FGTA-FO réussit le pari de son implantation, c’est le climat social dans l’ensemble du secteur de la distribution à Mayotte qui pourrait bel et bien se tendre dans les mois qui viennent.
RR
Le Journal de Mayotte
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