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vendredi 27 décembre 2024
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Procès des auteurs des affrontements Kawéni-Majicavo Koropa

C’est un très long procès, 7 heures, qui devait juger de la culpabilité de quatre des centaines de protagonistes qui ont mis le feu entre les quartiers de Kawéni et Majicavo le week-end du 20 septembre. Fort heureusement des plaintes ont permis qu’il se tienne.

Les jeunes des deux villages étaient venus en soutien au procès
Les jeunes des deux villages étaient venus en soutien au procès

50 personnes sur un barrage. 50 individus, impliqués de manière inégale. Les avocats le font sentir dès le début de l’audience : au regard de l’ampleur qu’ont pris en septembre les affrontements entre jeunes de Kawéni et de Majicavo Koropa, il fallait un procès, on a trouvé des coupables. Mais si les avocats soutiennent que « ce ne sont pas ceux à l’origine des émeutes qui sont à la barre”, ils ont tous été impliqués plutôt de prés que de loin, dans les évènements.

A l’heure où étaient jugés quatre manifestants du barrage du Tarn en métropole, c’est d’un autre ouvrage pour lequel quatre jeunes se retrouvaient en comparution immédiate à la barre du tribunal correctionnel de Mamoudzou, après qu’une première audience en octobre ait été renvoyée. Celui de barricades érigées en travers de la route à la suite d’un match du 20 septembre dernier qui a mal tourné entre joueurs et supporters de Kawéni et de Majicavo Koropa.

Si la sanction avait été immédiate pour les clubs avec exclusion des championnats et interdiction de jouer sur leur terrain, les auteurs des coups de chombo (coupe-coupe) et autres violences avaient fait l’objet d’une enquête compliquée, les victimes ayant souvent peur de témoigner.

Joe Dalton

Pour Me Charles Simon, les vrais coupables sont dans la nature
Pour Me Charles Simon, les vrais coupables sont dans la nature

Un jeune homme avait notamment reçu un coup violent à la tête, il est hospitalisé à La Réunion à la suite de complications, et la recherche de ses agresseurs a fait l’objet d’un appel à témoin lancé dimanche soir par la Police nationale .

Ils auraient pu passer pour les frères Dalton, alignés tous les quatre par taille croissante à la barre. D’autant que le plus petit, S., le seul à avoir la nationalité française, a le dossier le plus chargé, avec un casier judiciaire déjà bien rempli, en état de récidive pour des vols avec violences. Il a déjà fait 4 mois de prison en 2013. Accusé d’avoir volé un sac et deux téléphones portables, dont l’un sur une jeune fille qui assistait au match ce samedi 20 septembre à 20h, mais aussi de participation à un attroupement avec arme, il nie tout en bloc.

Très chevelu, avec une crête, au moment des faits, il se présente à la gendarmerie les cheveux rasés, en invoquant une sorte de Ma Dalton, « ma mère m’avait demandé de les couper ». Difficile pour une des victimes présente de l’identifier.

Mais des témoins ont déposé, et la président Viviane Perrot lit : « S. m’a jeté des pierres, il a tabassé avec ses copains une fille qui travaille au GSMA, lui a volé sa carte dans son sac ». Un autre, qui se déclare ami du prévenu, complète « on avait bu deux bouteilles de vodka, fumé du bangué. Les gars de Kawéni avaient jeté des cailloux sur le terrain comme à chaque rencontre, ils avaient des casques et des chombos, on a fait pareil en les poursuivant. On en attrapé trois qui nous avaient insultés, on les a frappés avec nos chombos, sans toucher la tête. Deux gars de Majicavo sont restés par terre ».

Énervement chez les juges

Des cases avaient été incendiées
Des cases avaient été incendiées

Peu de victimes se sont déplacées, « beaucoup sont en situation irrégulière », explique la juge. La salle d’audience se remplit peu à peu. Les rangs alternent jeunes de Kawéni et de Majicavo, « Je suis de Mayotte, et j’me la pète » avance le tee-shirt de l’un, qui entre bruyamment en se dandinant, coiffure iroquois, écouteurs sur les oreilles, lunettes de soleil jaune fluo sur le nez… un policier le menace d’une sortie immédiate…

De l’autre côté de la salle, autour de la barre, le ton monte chez les juges face aux jeunes qui nient tout en bloc, car un conducteur de scooter reconnaît son agresseur à la barre. S’il a réussi à éviter un coup de couteau ce 21 septembre de lendemain de match, on lui arrache les clefs, frappe son scooter à coup de chombo sous prétexte qu’il est de Mamoudzou, il entend le nom de son agresseur et reconnaît son visage à l’audience. Blessé au poignet droit et au genou gauche, il ne doit son salut qu’à la fuite.

« Une victimes vient de vous reconnaître à l’instant ! Que répondez-vous à ça ? », s’énerve un des assesseurs. « Vous prenez le tribunal pour des imbéciles ! », s’écrie une autre.

Un gourdin dératiseur

Ni le temps, plus d’une heure pour chacun, passé par la juge Viviane Perrot à détailler minutieusement les faits avec les prévenus, ni les questions pressantes du vice procureur n’y changeront grand chose, les deux jeunes de Majicavo Dubaï ne reconnaissent rien, ni les évènements liés au match, ni les règlements de compte du lendemain.

Si les deux premiers prévenus sont en tee-shirts et tongs usagés, les deux jeunes de Kawéni ont un look de cadre. Ils sont tous les deux sportifs, l’un d’eux est le numéro 10 du club de Kawéni, mais sont accusés d’avoir participé aux violences avec armes, dont un coup de pied au gardien de l’équipe du FC Koropa, et de d’un vol de scooter.

Chez l’un d’eux, plusieurs armes sont retrouvées, « dont un pilon en métal et un gourdin à clous dont vous avez dit qu’il servait à attraper les souris ».

La défense sera axée sur l’absence à la barre des initiateurs des affrontements, mais, l’audience ayant fini à plus de 21 heures, le délibéré a été prorogé au 17 novembre 2014.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

 

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