Tous les présidents des Conseils économique, social et environnemental se retrouvent dans l’Océan Indien pour une assemblée plénière au moment où celui de Mayotte fête ses 10 ans. C’est l’occasion pour trois journées de partage.
Les présidents des 9 Conseils Economique social et environnemental Régionaux (CESER), y compris ceux des DOM, de Nouvelle Calédonie et de Saint Martin, se donnent rendez-vous à Mayotte, dans l’hémicycle Youssa Bamana du conseil général, pendant trois jours avant de se rendre pour une assemblée plénière à La Réunion.
Les CESER ont peu de côtés sexy, et leur action ne vaut que si on s’en sert, n’ayant qu’un avis consultatif. C’est dire que leur rôle est souvent passé à la trappe. Et pourtant, ils ont rendu et rendent toujours des conseils de gestion pertinents.
Ses élus guident les Conseils régionaux vers une bonne gestion. Ceux sont eux qui, à Mayotte, insistent notamment avant chaque Séance plénière des Conseillers généraux, sur une indispensable comptabilité d’engagement pour éviter les mauvaises surprises de gestion.
Le président du CESE Mahorais (CESEM), Abdou Dahalani, aime à le répéter, ce sont également eux qui avaient alerté, « attention ! Il ne faut pas opposer équilibre budgétaire à l’équilibre économique. Si le budget revient à l’équilibre au prix d’une économie moribonde, avec des associations mortes de ne pas avoir été financées, ça ne sert à rien »… comme un relent de débat au plus au niveau de l’Etat.
Prêche dans le désert
Le Conseil général peut donc n’en faire qu’à sa tête, l’avis des CESE n’étant que consultatif. « C’est d’ailleurs ce qui se passe au gouvernement qui n’écoute souvent pas le CESE national », indique Abdou Dahalani.
Pas de complexe à avoir donc, surtout que notre CESE mahorais est tout jeune, « créé en 2004 ». Alors que ses conseils sont réputés comme pertinents, il est facile pour les élus de fermer les oreilles à ce genre de Jiminy Cricket qui rappelle en permanence la ligne de conduite.
Un rapport ambigu puisque le CESE est financé par la collectivité départementale. De plus, s’il arrive qu’il s’autosaisisse, c’est elle qui interpelle le Conseil sur un point précis.
Alors, le CESE condamné à prêcher dans le désert ? « A l’heure où la mode nationale est à l’évaluation des politiques publiques, un CESE de métropole a posé le débat d’une étude d’impact des avis donnés. Quelles sont les conséquences pour avoir pris en compte ou pour avoir ignoré un conseil du CESE ? ». Une réflexion menée par des structures qui ont 40 ans d’existence, « on n’en est pas encore là ! ».
Mais pour le directeur du CESEM, Nabilou Ali Bacar, leur rôle doit se cantonner à l’alerte plus qu’à l’expertise, « nous avons été écouté sur la mise en place d’une cellule Octroi de mer ».
Parler aussi des points positifs de l’île
Ce grand rendez-vous est l’occasion de parler de Mayotte autrement, « la représentation de l’île est souvent négative en métropole où on l’associe aux clandestins. Or, Mayotte est un atout pour la France avec sa position stratégique mais aussi l’intercommunalité qui fait vivre l’île et l’intégration de la religion musulmane dans le République », rappelle Isabelle Chevreuil, la vice présidente.
Le CESEM avait déjà organisé un tel rassemblement en 2007, « nous attendons les mêmes relais au niveau national ensuite, mais aussi, une sensibilisation des élus locaux ». Ils souhaitent aussi que cette découverte de Mayotte aide les élus du CESE à porter un autre regard sur la communauté mahoraise de métropole.
Les thèmes structurants pour Mayotte seront abordés* lors des conférences, « la biodiversité, l’intégration et le potentiel au sein du canal du Mozambique, notamment vers l’Afrique… ». Sont invitées les structures membres du CESEM : les Chambres consulaires, les confédérations, les syndicats, les chefs d’entreprises et les représentants de la société civile.
Les élus se souviennent des débuts du CESE mahorais en 2004, « et de la tête des syndicalistes et des chefs d’entreprise quand ils se sont retrouvés assis à la même table pour faire émerger une réflexion partagée ! C’était inédit ici et ça marche très bien aujourd’hui ! ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Lundi 10 novembre : hémicycle Younoussa Bamana du Conseil général
– 9h : ouverture des travaux, mots d’accueil d’Abdou Dahalani, Daniel Zaïdani
– 9h15 : « Mayotte dans le canal du Mozambique : un atout pour la France et l’Europe » – Intervenants : Isabelle Chevreuil sur des conseils géostratégiques, Bernard Thomassin sur la biodiversité, Michel Ahmed, CDTM, Ida Nel sur les stratégies portuaires et Daniel Zaïdani sur les ambition de Mayotte dans le Canala du Mozambique
-14h : « La mutation de la société mahoraise à l’œuvre des principes républicains : la culture mahoraise, « un plus » à la laïcité » – Intervenants : Hamidani Ambririki, docteur en philosophie sur la laïcité et ses dérives à Mayotte, Mouhoutar Salim, sur ce département à population musulmane et Mansour Kamardine sur les enjeux de l’éducation et de la formation
-16h30 : « La réussite éducative, l’accès au savoir, un défi pour Mayotte », par la vice recteur.
Mardi 11 novembre :
8h30 : « Le CESE de Mayotte, 10 ans d’accompagnement de la départementalisation » – Prise de paroles des officiels, témoignages.
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