«Un comportement professionnel», c’est ce que la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) demande aux transporteurs routiers. Une matinale d’information sur la réglementation leur était consacrée.
« Nous avons amélioré le parc depuis 2011, mais l’état du réseau routier notamment est menacé par la multiplication des transports en surcharge », interpellait Eric Batailler, le directeur adjoint de la DEAL à l’occasion de la matinale d’information à l’intention des acteurs de la filière transport routier de marchandises qui se tenait dans l’enceinte de l’hémicycle du Conseil général ce jeudi matin.
La DEAL assurait là son rôle de contrôle du secteur des transports routiers de marchandise et de voyageurs. Une cinquantaine de transporteurs et de donneurs d’ordre étaient présents pour écouter les doléances de Christophe Begon, Chef de l’Unité Transports et Sûreté à la DEAL.
Les conditions d’accès au transport routier sont quasiment les mêmes qu’en métropole. Seule la Capacité professionnelles fait exception puisque si elle s’obtient par un examen, il est aussi possible de monter son entreprise à Mayotte grâce à la reconnaissance de l’exercice de l’activité professionnelle sur 3 ans. Cette tolérance cessera dès le 3 décembre, « 200 dossiers de transporteurs sont en instruction, mais ce sera bientôt trop tard pour la vingtaine de retardataire ».
Prés de 30% de surcharge
Chose admise et qui n’est pas exclusive du secteur : pour être transporteur routier, il faut être « honorable ». Une honorabilité qui peut se perdre rapidement si l’on en croit Christophe Begon qui déroulait la liste des infractions, en commençant par le défaut de contrôle technique, « ça s’accentue d’année en année », pour poursuivre par le prêt de l’activité à une tierce personne non inscrite au registre de la DEAL, et en terminant par la cerise sur le gâteau : la surcharge des poids lourds.
« Le pont bascule sur le port de Longoni était réputé en panne. En réalité, il n’affichait rien parce que toutes les pesées dépassaient la charge autorisée. Nous avons pesé séparément le camion à vide et le container transporté, la masse des deux égalait 56 tonnes quand elle n’aurait pas du dépasser les 44 tonnes ! »
Le problème, c’est qu’une surcharge abîme durablement la route : « un poids lourd chargé dans les limites réglementaires équivaut au passage d’un million de véhicules légers ». Les services de la DEAL prévenaient que « des contrôles réguliers seront effectués devant le port de Longoni ». La plupart des marchandises arrivant par la mer, c’est en effet le point stratégique.
Cadeau sur les pesées
Mais cela pose un problème de responsabilité soulevé par Hervé Durand, Transitaire Tilt : « comment savoir que le container annoncé par le chargeur à 15 tonnes ne les dépasse pas ? ». Un travail en collaboration avec les services portuaires était envisagé par la DEAL qui va également engager une campagne de communication sur l’offre gratuite de 500 pesées.
L’infraction de surcharge à l’essieu est punie de 750 euros d’amende par tranche de dépassement, « un transporteur a dû payer 13 fois 750 euros »… des murmures parcouraient la salle.
Et le policier qu’est la DEAL annonçait un durcissement des contrôles : « à partir de ce jeudi, nous appliquerons le cumul de toutes les infractions. » Avec au bout, le risque de perdre son agrément, « même le donneur d’ordre pourra être impliqué en amont s’il est prouvé qu’il était informé de l’infraction »…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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