Le tri des déchets devient une habitude. Verre, plastique, métal, nous trions de plus en plus comme l’indique un rapport d’Eco-emballages analysant sur les premier mois du dispositif à Mayotte. Les ajustements se poursuivent pour améliorer les chiffres de collecte.
Un an après la mise en place du tri sélectif à Mayotte, le bilan sera officiellement dévoilé au début de l’année prochaine. Mais Eco-emballages n’a pas attendu pour étudier précisément la mise en place du dispositif. Dans un document que le JDM s’est procuré, l’organisme analyse nos changements de comportement vis-à-vis des déchets.
Le «Mahorais trieur» présente ainsi un profil «peu surprenant», note le rapport. Analysé par commune et par village, la performance des bornes Tri-O qui reçoivent le verre, le plastique et le métal, indique des «pics» aux 3 vallées à Mamoudzou et dans le quartier Sodicash à Bandrélé… des zones dans lesquelles «on retrouve une forte concentration de métropolitains». L’explication est simple : «cette population a déjà été sensibilisée au tri des emballages ménagers» explique le document. Logiquement, «le geste de tri fait partie de leur quotidien». Pour autant, dans les quartiers plus «mahorais», Eco-emballages note une «évolution progressive», le nouveau geste de tri entre peu à peu dans la vie de tous les jours.
L’éco-organisme s’était donné les moyens de sensibiliser la population. En créant le réseau de «Fundi Wa Tiri», ce sont 74 référents de village et 225 référents de quartier qui ont été formés et chargés d’expliquer l’importance du tri. Le message commence à passer.
Les communes rurales montrent l’exemple
Conséquence, ce changement de comportement est particulièrement sensible dans les communes rurales où «le sentiment d’appartenance, d’attachement de la population» à son environnement est plus prononcé qu’à Mamoudzou. Le chef-lieu enregistre des performances de collecte «très moyennes», révélant «une adhésion plutôt faible de la population malgré le potentiel certain».
Compte tenu du poids démographique de Mamoudzou et de sa position centrale dans l’activité économique de Mayotte, les 13 bornes Tri-O qui y sont installées placent la commune en tête du tonnage brut récolté. Mais rapportés aux 57.281 habitants, les résultats peuvent nettement s’améliorer.
200 tonnes collectés
Globalement, ce sont près de 200 tonnes de déchets qui pourraient être collectés par les Tri-O sur un an. Le verre (90 tonnes en un an) et le plastique (50 tonnes) sont en phase avec les prévisions initiales.
Pour le métal, cannettes et boites de conserves, les objectifs sont en revanche loin d’être atteints. En extrapolant les premières données disponibles, 65 tonnes de métal seraient récupérées, loin des 150 tonnes prévues. L’explication est simple : à Mayotte, on ne consomme pas les canettes aux mêmes endroits que le verre ou le plastique. Sodas ou bières, les canettes sont bues hors du domicile «sur des lieux de regroupement public festif»… comme par exemple, les plages.
Ces comportements qui n’avaient pas été anticipés ont entrainé un réajustement du dispositif. Des Tri-O ont fait leur arrivée aux Badamiers, à Sohoa ou encore à Musicale Plage.
Pas facile d’accès
«D’une manière générale, les premiers retours de la population sur l’implantation des Tri-O font état de l’insuffisance de nombre de (bornes) sur le territoire», note le rapport. Quant au choix de leur implantation, elle peut également être améliorée : si 69% des Mahorais sont d’accord pour dire que les Tri-O sont pratiques, ils sont la moitié (51%) à dire qu’ils ne sont pas faciles d’accès. Ainsi, «les bornes situées aux abords des routes nationales se remplissent plus vite que celles implantées au cœur des villages».
Eco-emballages a donc commencé à déménager quelques Tri-O dans des lieux publics comme des places qui «sont de véritables lieux de vie, et culturellement ancrés dans le mode de vie local.» Le renforcement de certaines zones va également permettre de désengorger les Tri-O qui ont tendance à déborder. Un nouveau Tri-O métal va ainsi être installé demain, mercredi, au rond-point de la barge à Mamoudzou.
Ce sont finalement 26 bornes supplémentaires qui ont été déployées depuis le lancement du tri sélectif.
Les 17 communes impliquées
Enfin, bonne nouvelle : toutes les communes ont désormais intégré le dispositif. Bandraboua, souvent montrée en exemple pour être une des communes les plus propres de Mayotte, avait souhaité rester l’écart. Elle a signé la convention et devrait recevoir ses premiers Tri-O dans deux ou trois mois.
En un an, la mise en place du tri sélectif a permis la création de 5 postes équivalents temps plein pour la collecte, le tri et la sensibilisation. On compte aujourd’hui 77 Tri-O implantés sur l’ensemble du département.
RR
Le Journal de Mayotte
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