Au regard du travail effectué par la préfecture l’année dernière lors de la Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, deux associations ont été demandeuses pour décentraliser ces actions sur Koungou.
Pour Ali Soulaimana, la communication devient urgente : « c’est le garde champêtre de la commune qui nous alerte lorsque les femmes passent à sa permanence à l’ancienne mairie de la ville ».
Il a lui même décidé de créer une association il y a 6 ans, GESCEK, « pour encadrer les jeunes surtout, puis plus généralement pour répondre à tous les problèmes de société ».
Une Journée est donc dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes, organisée par la préfecture avec la présence de Sylvie Especier, sous préfète en charge de la cohésion sociale, et Noéra Mohamed, Déléguée aux droits des femmes, et par les deux associations GESCEK et BK7 pour lesquelles intervenait Issouf Ahamadi qui en est le président.
Les interventions de la gendarmerie, du planning familial et de l’ACFAV (Association pour la Condition féminine et l’aide aux Victimes) ont émaillé la matinée.
Le « mariage mzungu »
« Intervenez-vous rapidement ? », questionnait Sabila Chibaco, adjointe au maire de Koungou, à l’intention de la gendarmerie. Le commandant Jean-Luc Larcher, principal interlocuteur de la journée, déclinait la marche à suivre, de la prise en charge de la victime dès l’appel, la prise de renseignements puis la transmission éventuelle au procureur qui donne sa décision d’aller ou pas en justice en fonction du nombre de jours d’ITT (Interruption de travail temporaire).
La parole se libérait et le sort des jeunes filles mariées de force était en débat, « peuvent-elles déposer plainte ? ». L’âge est évidemment décisif sur le plan juridique, et il faut différencier les moins de 13 ans, des 13-16 ans, avec les 16-18 ans, « presque majeures ».
Mais la condition indispensable pour que la jeune victime fasse valoir ses droits, c’est la qualité du mariage. « La justice ne reconnaît pas le mariage musulman, nous ne pouvons donc rien faire. Et en cas de mariage devant le maire, c’est ce dernier qui doit dénoncer les faits, on va entendre la mineure et une enquête judiciaire peut suivre », explique Jean-Luc Larcher.
Une action à laquelle il n’a jamais été confronté à Mayotte, « en métropole, si ! ». Il est en effet peu probable que le mariage se tienne devant le maire dans ce cas, surtout qu’à la traduction, « mariage en mairie » devient « harousi shizoungou », le mariage des mzungus (des métropolitains)… Une notion pas encore intégrée à la culture locale…
La journée se poursuivait par une pièce de théâtre écrite et jouée par les adhérents des associations sur le sujet, et du slam.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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