Quelques milliers d’euros, des sacs remplis d’équipements et leur grand cœur… 32 rugbymans de l’association Rugby French Flair ont multiplié les opérations pour valoriser le rugby dans l’océan Indien, aussi bien à Mayotte qu’à Madagascar.
Vous n’avez probablement jamais côtoyé un rugbyman anciennement sélectionné en équipe de France. Eh bien, quand vous en avez un en face de vous, vous comprenez tout de suite les qualités physiques indispensables pour rentrer dans ce club très fermé. Il était en effet impossible de rater les 32 membres de l’association Rugby French Flair sur la pelouse ou dans les tribunes de Chiconi.
Ce samedi matin, ils participaient au tournoi des écoles de rugby de Mayotte. Quelque 500 enfants venus de Kawéni, Tsoundzou, Pamandzi, Mtsamboro et Dembéni se mesuraient les uns aux autres sous le regard de ces pointures du rugby hexagonal. «Comme dans toutes les pratiques sportives, il y a une partie entraînement et une partie compétition, même s’il n’y a pas de classement», explique Julien Pages, responsable du développement du comité de rugby de Mayotte, particulièrement content de voir ces figures de l’ovalie donner des conseils aux gamins de Mayotte.
Aider à la scolarisation grâce au rugby
Avant d’aller à la rencontre des élèves Mahorais, leur tournée dans l’océan Indien avait commencé par Madagascar. Ils ont rejoint Jean-François Tordo à Tananarive, un ancien talonneur du XV de France qui partage actuellement sa vie entre la France et la Grande Île. Tordo a créé “Pachamama”, une asso qui veut aider à la scolarisation des enfants et à l’apprentissage professionnel par l’intermédiaire du rugby. A Tana, les 32 rugbymans sont arrivés avec du matériel et la volonté de fédérer les entreprises françaises présentes dans le pays autour du projet. «Nous avons levé près de 10.000 euros», se félicite Jean-Baptiste Ozanne, le président de Rugby French Flair.
«A Mada, c’est très difficile. Je crois que c’est le niveau le plus dégradé qu’on ait vu depuis le début de l’assos il y a 5 ans. Et pourtant, à Tana, il y a 350 clubs mais ils n’ont rien. On est aussi allé en prison pour appuyer l’action de l’association «Grandir dignement» qui aide les enfants incarcérés», détaille Jean-Baptiste Ozanne.
Un ancien entraîneur de Petite Terre
«A Mada, le but du voyage était plutôt humanitaire. A Mayotte, c’est vraiment pour le développement du rugby que nous sommes là», soulignait Cédric Desbrosse sur la pelouse de Chiconi.
Cédric Desbrosse est celui qui a guidé l’association vers l’océan Indien alors que son action était jusque là orientée vers l’Amérique du Sud. Il connaît un peu Mayotte, il y a vécu avec son épouse en 2011 et 2012. «J’entraînais l’équipe de Petite Terre et mon fils jouait au RCM», se souvient-il.
Il fait partie du premier cercle des fondateurs de Rugby French Flair. Il a fait partie des voyages au Mexique, au Panama, ou au Brésil. Ils sont même rendus à 2 reprises en Colombie pour suivre l’évolution de ce qu’ils avaient semé. En compagnie de Valérie Fourneyron, alors ministre des sports, ils sont allés dans une zone contrôlée par les FARC à l’appel d’un maire qui voulait mettre en place des structures pour détourner les enfants du village des trafics et des guérillas. «On avait aidé à créer une association pour encadrer 70 enfants. Quand on est revenu, ils étaient 400 à venir nous accueillir et à nous tomber dans les bras !», confie, ému, Cédric Desbrosse.
Grosses donations
A Mayotte aussi, ils sont arrivés avec «des sacs remplis de matos» : des maillots, des ballons, des sifflets, des paires de chaussures… Gilbert (la marque de référence des ballons de rugby) et Décathlon ont fait «de grosses donations». Il faut dire que chaque joueur qui voyage avec l’association doit payer une partie de son déplacement et amener 1.000€ de la part d’un partenaire.
Leur visite a également permis au comité de rugby de récolter 3.000 euros avant la vente aux enchères de maillots dédicacés organisée pendant la soirée de gala au Sakouli ce samedi soir.
Pour ses voyages annuels, l’association Rugby French Flair a décidé d’alterner les nouvelles destinations et les pays déjà visités. L’an prochain, ils se rendront peut-être à nouveau au Mexique… Nul doute qu’ils reviendront voir les jeunes rugbymans de l’océan Indien pour s’assurer que leur sport s’est bien enraciné avec ses valeurs et un état d’esprit que les pros revendiquent toujours différent.
RR
remi@jdm2021.alter6.com
Comments are closed.