CARNET DE JUSTICE DU JDM. Deux jeunes malfrats bien connus de la police comme de la justice ont été condamnés à un an de prison ferme pour avoir braqué le 3 novembre dernier la station Total de Petite Terre. Ils étaient à la barre du tribunal correctionnel hier matin en compagnie d’un de leur complice, un salarié de la compagnie pétrolière qui les avait particulièrement bien renseignés : où, quand et comment agir, ils disposaient de toutes les informations nécessaires pour dépouiller la station-service de quelques milliers d’euros. Le 4e membre de l’équipée est parti se mettre au vert à Anjouan avec une petite partie du butin.
Il ne s’agissait pas du casse du siècle pour le groupe Total qui réalise des millions de bénéfice dans notre département : 31.825 euros et quelques cartouches de cigarettes. Mais le butin a tout même permis d’améliorer un peu l’ordinaire de nos cambrioleurs.
L’un a touché 4.000 euros, le deuxième 6.000. Avec ça, ils ont payé leur dette, se sont acheté des baskets, ont fait des courses pour «subvenir aux besoins de leur famille». L’un d’eux s’est payé une moto avec l’intention de prendre part à des «compétitions» à Chirongui. «Il comptait participer à des courses de motos totalement illégales sur lesquelles sont effectués des paris. Le tribunal aura à connaître cette affaire plus en détail dans les prochaines semaines», indique le procureur Joël Garrigue.
Le 3e mis en cause ne dira pas ce qu’il a fait de l’argent. Il nie avoir participé même si les deux autres le charge. Pourtant, selon le décompte du procureur, il aurait empoché près de 16.000 euros dans le braquage.
Trois jours de caisse dans le coffre-fort
Il y a donc tout juste un mois, nos 4 compères se retrouvent au milieu de la nuit, à 3h30, à la station Total de Pamandzi. Ils arrachent une planche du toit pour entrer dans la local, ouvrent la porte de derrière et branchent la disqueuse qui va leur permettre de s’attaquer au coffre-fort. Il y en a deux mais les individus savent qu’il faut ouvrir le petit. Il contient la recette de 3 jours d’exploitation. Exceptionnellement, la Brinks qui vient d’habitude quotidiennement récupérer les fonds n’est pas passée.
L’arrivée d’un vigile interrompt leur braquage. Le gardien ne prend pas de risque et part prévenir les gendarmes qui ne trouveront plus personne à leur arrivée. Ils ne pourront que constater le délit.
L’enquête avance mollement avec deux empreintes et des traces de sang retrouvées sur les lieux lorsqu’un informateur va balancer la petite équipe aux gendarmes.
17 mentions au casier judiciaire
A la barre, si le salarié de Total a un casier judiciaire vierge, les deux autres sont des professionnels du vol : avec effraction, en réunion, avec violence, avec arme… ils ont expérimenté tout l’éventail existant. Le premier a 7 mentions à son casier judiciaire, quand le deuxième en a … 17 ! Âgé de 25 ans, il était déjà lesté de 10 condamnations le jour de sa majorité.
Logiquement, le procureur demande une peine à la hauteur des faits commis mais également en rapport avec le parcours des jeunes gens. 30 mois de prison dont 6 avec sursis pour les deux jeunes, 2 ans dont un ferme pour le salarié de Total.
Misère
«C’est la misère, toujours la misère qui est à l’origine des dossiers», rappelle Me Simon qui s’emporte sur les réquisitions du procureur : «On réclame une peine d’amende contre une entreprise dont le salarié est mort électrocuté et de la prison ferme pour un vol de 30.000 euros ? Quand on s’attaque à Total, on réclame de la prison ? » Et Me Simon de rappeler que se clients «n’ont pas fait des habitations, ils s’en sont pris à une grosse société et il n’y a aucun préjudice moral pour qui que ce soit».
Me Hassan, l’avocate du salarié de Total, dénonce un dossier vide à l’encontre de son client et les questions tendancieuses de la police pour tenter de l’accabler. Autant d’arguments qui ne convainquent qu’à moitié le tribunal.
Un an ferme pour les deux jeunes
Les 2 jeunes sont donc condamnés à un an de prison ferme auquel se rajoutent 6 mois de révocation du sursis d’une peine antérieure pour l’un d’eux. Le tribunal n’a pas demandé de mandat de dépôt, ils ne sont donc pas partis pour Majicavo. Le juge d’application des peines devra décider de leur sort.
Quant au salarié de Total, déjà mis à pied par sa direction depuis que l’affaire a éclaté, il écope de 10 mois d’emprisonnement avec sursis.
Les trois vont également devoir rembourser Total des 31.825 euros du vol, des 2.000 euros de dégâts de la toiture et de 5.840€ pour la destruction du coffre-fort.
RR
Le Journal de Mayotte
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