Si l’on en croit la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA), Mayotte va bientôt se doter de la crème des bouchers ! Les 6 étudiants (ils étaient 15 au départ), qui sont actuellement en Centre de formation d’Apprentis (CFA) viennent de subir leur premier examen blanc, « une sorte de point d’étape », traduit Patrick Chauvin, le directeur de la Chambre.
Un bilan autant pour les élèves que pour la structure puisque c’est la première fois qu’une telle formation a lieu à Mayotte.
Partant du constat d’un déficit de bouchers sur l’île, mais aussi en métropole, « 6000 postes vacants », la CMA est restée sur sa logique « une formation-un métier-un emploi ». Les échecs répétés des étudiants en première année en métropole les ont incité à monter 17 mois de cours et formation à Mayotte, et un dernier mois en métropole pour finaliser la préparation à l’examen.
Un examen qu’ils passeront en juin dans la Nièvre, grâce à un partenariat avec l’académie de Dijon, et après une série de visioconférences avec des bouchers recruteurs de métropole. Et ces conditions d’examen étaient reproduites lors d’un examen blanc à la fin du mois d’octobre pour les élèves apprentis, « avec une double correction, garantissant du côté de la métropole l’anonymat des candidats ».
Plus intense
Et les résultats sont au delà de toute attente : « les deux examinateurs métropolitains, dont le président de la Fédération des bouchers de la Nièvre, ont trouvé le niveau pratique des élèves supérieur à tout ce qu’ils avaient vu en métropole en matière de CAP ! ».
Et les résultats à l’écrit de ces 4 filles et 2 garçons ne sont pas mal non plus, avec une notation mahoraise plus sévère que la métropolitaine : la moyenne générale de 11 cache deux bons élèves qui dépassent les 13 sur 20. La meilleure, Fatima, verra ses résultats affichés dans l’ensemble des Chambres consulaires.
Pourtant Mayotte est pénalisée ne pouvant proposer un apprentissage comme cela se fait en métropole : « là-bas, ils sont salariés et donc sous les ordres d’un patron. Ici, le référentiel des cours est le même qu’en métropole, avec un renforcement dans les matières où les élèves ont des lacunes, mais ils ne partent que 14 heures par semaine en formation pratique chez Sodifram et Bourbon distribution ».
Deuxième session
Ce condensé d’apprentissage pourrait être la clef du succès, mais il est encore trop tôt pour en tirer des conclusions, et Patrick Chauvin, tout en étant fier de ce résultat préfère rester prudent : « attendons les examens de fin d’année, et surtout la qualité de la deuxième session d’apprentis bouchers. »
Celle-ci commencera le 12 janvier, mais les candidats intéressés doivent déjà s’inscrire* pour les 18 mois de cours et formation intensifs, « et un boulot au bout ! », rappelle Jean-Denis Larroze, vice président de la CMA.
Il en profitait pour annoncer 4 avancées avec la création d’un Pôle excellence de formation en cours en janvier qui a impliqué l’achat de 3 salles à l’étage de la CMA aux Hauts Vallons avec l’appui de l’Etat, et d’ailleurs tant qu’ils y sont, l’achat de l’ensemble du bâtiment SCII avec demande de fonds européens à la clef, le processus de certification ISO 26 000 « puisque nous allons accueillir et suivre le jeune de façon spécifique lorsqu’il est en métropole ».
Une réussite collective pour le président Djoundy et les cadres formateurs qui remerciaient la Dieccte (Direction du travail et de l’emploi) et leurs partenaires de la grande distribution.
Petit détail utile, une fois le CAP boucherie en poche, ils pourront travailler également dans un abattoir, « dont l’un doit se créer avec Volaille Soleil Mayotte et un autre à Fort Dauphin à Madagascar », conclut Jean-Denis Larroze.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*CMA au 0269 60 97 20
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