Quels transports en commun pour Mamoudzou ? Après le déblocage de 9 millions d’euros dans le cadre d’un appel à projet du gouvernement, le JDM vous présente le dossier proposé par la ville de Mamoudzou : 3 lignes et des ambitions.
«Ce n’est plus une idée. C’est un projet qui avance». Cette fois-ci, Mohamed Hamissi Zainouddini, chargé des études transport et déplcement à la mairie de Mamoudzou y croit : plus que jamais, la ville-préfecture de Mayotte est sur le point de se doter d’un réseau de transport en commun.
Il faut dire que c’est la capacité de Mamoudzou à se développer dont il est question. «A l’horizon 2017, si rien n’est fait pour améliorer les conditions de circulation, la ville sera complètement saturée.» Alors qu’on estime le flux de véhicules à 20.000 le matin comme le soir, au nord comme au sud, un doublement du parc automobile signerait l’asphyxie de Mamoudzou… sachant que seulement 26% des Mahorais avaient une voiture en 2011, on peut être inquiet.
Mohamed Hamissi Zainouddini est l’auteur du projet de réseau de bus de Mamoudzou présenté et retenu par le gouvernement. Il est encore susceptible d’être largement modifié. A l’heure actuelle, le futur réseau de bus serait composé de trois lignes. La ligne 1 relierait Passamainty au quartier des Hauts Vallons. Le long de ses 8,6 km, les 18 stations seraient la «véritable colonne vertébrale du réseau de transport en commun».
La ligne 2 compterait 22 stations sur 7,4 km. Elle desservirait « les zones denses de Mamoudzou» éloignées du littoral : du collège de Doujani, elle rentrerait dans Mtsapéré, monterait dans les hauts de Mamoudzou et redescendrait vers Kawéni.
Enfin la ligne 3, au sud de l’agglomération, pourrait desservir Vahibé d’un côté et Tsoundzou de l’autre.
Repenser la ville
Pour que ces lignes assurent un niveau de service satisfaisant et soient une véritable alternative à la voiture, il ne faut pas que les bus se retrouvent coincés dans les bouchons. Une partie du réseau bénéficierait donc d’aménagements de voies de circulation spécifiques, ce que l’on appelle un TCSP (transport en commun en site propre). Ce pourrait être le cas depuis les Hauts Vallons jusqu’au Baobab. «Il faut repenser la ville. Mamoudzou est un territoire qui n’a jamais été construit. C’est le moment d’oser pour repenser son fonctionnement sinon Mamoudzou ne deviendra jamais le chef-lieu dont rêvent les Mahorais», affirme Mohamed Hamissi Zainouddini.
Ces aménagements sont très lourds mais le réseau de bus pourrait commencer à être exploité sans que tout soit réalisé : «On peut séquencer les travaux pour, dans un premier temps, permettre aux bus de passer les points de blocage comme les carrefours.»
Choisir son mode de déplacement
Avec ce projet, on permettrait, enfin, aux Mahorais, de pouvoir choisir leurs modes de déplacement. Car l’idée est de connecter le réseau de bus aux autres modes de transport. C’est ce qui a probablement plu au gouvernement. Aux Hauts Vallons et à Passamainty (ou peut-être plus au sud), des «parcs-relais» permettraient aux automobilistes venant de l’extérieur de la ville de laisser leur véhicule pour prendre le bus. Plus d’une centaine de places sont prévues dans ce projet au nord comme au sud.
Deux plateformes d’échanges «multimodales» seraient également créées. La plus importante serait celle aux abords de la barge.
Ce pôle pourrait bénéficier, à lui seul, de plusieurs millions d’euros (peut-être 7) de fonds européens sur un dossier porté par la mairie et le conseil général. A cet endroit, nous pourrions choisir notre mode de transport en fonction de notre destination et de nos envies : barge, voiture, taxi, bus urbain, bus interurbain, vélo, marche à pied…
Scepticisme
Bien sûr, à l’énonce de ce beau projet, le scepticisme est grand. «C’est normal», avoue Mohamed Hamissi Zainouddini. «On mène des études depuis des années et rien n’est jamais devenu concret». Les premières études remontent en effet à… 1995, quasiment 20 ans !
Avec les 9 millions du gouvernement, de nombreuses nouvelles études (les dernières?) vont être menées en particulier sur la faisabilité des aménagements, la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre.
Quant au coût de ce projet, il est à l’heure actuelle estimé à plus de 90 millions d’euros. Deux postes accaparent plus de la moitié du budget : les acquisitions foncières (22 millions) et la voierie (28 millions), deux postes peut-être surévalués mais les services ont choisi d’être prévoyants. Les travaux préparatoires, les ouvrages d’art, les stations et les pôles d’échange nécessiteraient plus de 18 millions. Le dépôt prévu aux Hauts Vallons coûterait 3,6 millions. Enfin, le matériel roulant mobiliserait plus de 5 millions.
Notre bien-être entre les mains des politiques
Enfin, dernier élément que nous attendons tous : le calendrier. «Pour Mamoudzou, on pourrait imaginer un projet totalement achevé d’ici 7 à 8 ans peut-être 10 ans, parce qu’on part de rien. Mais la mise en service commerciale pourrait commencer bien avant,» note Mohamed Hamissi Zainouddini.
Plus que jamais, la volonté politique sera donc déterminante et de la façon dont la nouvelle équipe municipale se saisira de l’opportunité donnée par le gouvernement, dépendra beaucoup de l’avenir de la ville chef-lieu de Mayotte et du bien-être de tous les Mahorais.
RR
Le Journal de Mayotte
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