Seymour Morsy a terminé sa tournée des 17 communes de Mayotte à Chiconi. Les dernières contributions pour Mayotte 2025 peuvent encore arriver à la préfecture avant la «phase de fusion» et de décision par le gouvernement.
Jusqu’à la dernière date, l’accueil aura été chaleureux et la parole très libre. Seymour Morsy, le préfet de Mayotte, a bouclé son tour des 17 communes du département, des visites qu’il avait souhaité organiser dès son arrivée au mois d’août. Pour lui, l’intérêt était double : découvrir un territoire qu’il ne connaissait pas mais aussi mobiliser, dans les villages, autour de Mayotte 2025, susciter des participations, des idées et des envies d’avenir.
Les Mahorais commencent à le connaître. Avec Seymour Morsy, la parole est directe et ne s’embarrasse pas de précautions superflues. A Chiconi, le maire comme les habitants le lui ont bien rendu.
Zainoudine Antoyissa a posé sans détour les deux difficultés auxquelles doit faire face sa commune. «Chiconi est confronté à un état critique de ses finances qui sont structurellement déficitaires», a-t-il expliqué. Le volet fonctionnement comme le volet investissement plombent la plus petite commune de Mayotte avec un déficit qui «dépasse 2,5 millions d’euros.» Le maire a reconnu ne pas avoir d’autres choix que de prendre des mesures radicales «qui ne seront pas populaires».
La commune prépare un «document stratégique pluriannuel»’ avec des mesures qui visent au redressement des finances, à «sortir de ce bourbier», selon les mots du maire. Cette situation déficitaire «empêche tout» y compris «d’émarger aux budgets européens», a regretté Zainoudine Antoyissa.
Vers un établissement public foncier départemental
L’autre question fondamentale pour la commune est la politique foncière. Chiconi est loin d’être la seule ville à connaître des blocages liés à la propriété des terrains, mais elle y prend une dimension particulière. Le maire cite deux parcelles en zone urbaine qui occupent 156 hectares dont la situation d’indivision et d’ayant droits décédés bloque tous les projets urbains. Le maire ne sait pas quoi faire : exproprier, créer un GIP (groupement d’intérêt public), mettre en place une vaste plateforme de concertation?… C’est finalement parmi les habitants que viendra la proposition de mettre en place, sur le modèle du CREC de l’état civil, une vaste opération pour mettre à plat le foncier mahorais.
Dans l’assistance, un homme rappelle que les cadis ont travaillé sur la question et que leurs archives sont au conseil général.
Le préfet prend des notes, puis répond aux interlocuteurs en rappellant, au passage, la subvention à 100% pour les constructions scolaires de la commune (700.000 euros) ou le versement de factures dues par l’Etat qui devrait rendre «la situation un peu meilleure».
Sur le foncier, le préfet évoque des pistes, peut-être la création d’un établissement public foncier départemental. Quoi qu’il en soit, il s’engage à ce que l’état propose des procédures claires pour trouver des solutions… et invite à retrouver les archives des cadis, “tout ce qu’ils peuvent apporter au débat est utile”.
Le bouclage de Mayotte 2025
Le foncier trouvera, sans nul doute, une place dans le Pacte Mayotte 2025. Mais à Chiconi, on voudrait aussi un centre pour former les jeunes délinquants. La proposition vient d’un entrepreneur qui ne renie pas son passé et qui veut servir d’exemple. Il faudrait aussi s’occuper du 3e âge demande une bouéni qui est allée voir ailleurs et a vu qu’il se passe de choses dans le domaine.
En ce 30 décembre, les dernières propositions et contributions de Mayotte 2025 rejoignent les nombreuses déjà collectées. Le temps du bouclage approche. «Maintenant, on étage les propositions : on dit que c’est ça qu’on veut atteindre et comment on fait», indique le préfet qui pense que la démarche a suscité une prise de conscience.
Une fois les propositions «fusionnées» et mises en cohérence, l’ébauche du Pacte Mayotte 2025 va partir à Paris. Le gouvernement fera ses choix et ses arbitrages.
Le préfet confiait au maire de Chiconi que s’il additionnait le coût de toutes les propositions qu’on lui a faite, cela dépasserait les 4 milliards d’euros !
RR
Le Journal de Mayotte
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