L’inauguration de l’extension du collège de Doujani mettait en valeur la réussite d’un projet d’équipe : faire sortir en 5 mois neuf salles de classe, le tout en résolvant les problèmes énergétiques, ce qui a permis de retenir le projet au concours du « off Environnemental ».
Tout de vert et de bois vêtu, l’extension du collège de Doujani donne un grand coup de jeune à un établissement de 21 ans. Il lui a ainsi permis d’accueillir à la dernière rentrée scolaire 250 élèves en plus, portant à 1 915 l’effectif total, « avec nos 73 classes, nous sommes ainsi le plus grand collège de Mayotte et le plus gros de France », soulignait Jean Alemany, le principal du collège. L’établissement a du se développer de 140% en 7 ans…
Et pourtant, il avoue avoir été plus qu’inquiet, « quand en avril 2014 rien n’avait commencé, alors qu’il fallait accueillir ces 250 élèves en août ! » Le 24 avril, la dalle est coulée, « et le 14 mai, deux étages et le toit étaient montés. Une prouesse technique ! »
Avec son adjoint Cyprien Piroud, il accueillait ce matin Nathalie Costantini, la vice-recteur de Mayotte, pour inaugurer le bâtiment, opérationnel depuis septembre. Doté de 9 classes, dont deux allouées aux arts plastiques et deux à l’éducation musicale avec une salle de stockage du matériel dédié, il a été conçu par l’agence Co-architectes. Il comprend aussi un plateau sportif, « il a fallu déplacer l’existant », indique l’architecte Nicolas Peyrebonne.
Il explique son choix du bois par la réponse idéale à la problématique demandée « construire vite et durable. Pourtant non climatisées, les classes ne stockent pas la chaleur et restituent du CO2. » Un choix du bois critiqué comme le fut l’aérogare de Pamandzi, « on le voit à tort comme un matériaux du passé. » Mais contrairement à la structure aéroportuaire, les pluies diluviennes ne se sont pas infiltrées…
Le collège ouvert aux habitants du quartier
Une technique de construction très vantée ce lundi matin à Doujani, « elle fait travailler les entreprises de Mayotte », rajoute l’architecte, qu’il faut mettre en perspective avec le choix du modulaire fait par les maires sur conseil du préfet, critiqué pour son côté plus éphémère, ce que soulignait la vice-recteur à l’intention des journalistes : « on peut bien sûr prôner le modulaire, mais nous avons utilisé là des matériaux d’avenir qui s’inscrivent dans le temps. »
L’investissement se monte à 2,8 millions d’euros, « y compris le plateau technique », précise l’architecte. Pour comparer la construction en dur avec le modulaire, si l’on reprend les chiffres indiqués en programmation pour les 17 classes en modulaire et les deux réfectoires à Labattoir, et en sortant le plateau sportif à Doujani en fonction des chiffres qui nous sont fournis, le coût est exactement le même, de 200 000 euros par salle de classe…
Une belle concrétisation qui a été retenue pour participer au concours du « Off de l’environnement », « parce qu’il répond aux normes environnementales tout en ayant relevé le défi de l’urgence. »
Une inauguration retardée, « pour des raisons pas toujours positives », faisait remarquer Nathalie Costantini, des dégradations, « portes arrachés, vol de matériel informatique », contre lesquelles elle en appelait au civisme à l’intention des parents d’élèves et délégués des élèves : « je veux bien laisser la disponibilité de l’établissement au quartier en dehors des heures de cours, mais sceller une telle action collective autour de l’éducation implique de se soumettre à l’entretien et à la surveillance. » Une convention pourrait être signée dans ce sens.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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