Le liquide délivré par les stations service Total de Mayotte prend une autre teinte que de l’hydrocarbure : depuis fin décembre, c’est dans le transfert d’argent que s’est lancée la compagnie.
Grâce à un partenariat signé avec la société MoneyGram, Total Mayotte permet à ses clients d’envoyer ou de recevoir de l’argent en cash, « en 10 minutes et partout dans le monde ». Tout le monde ne possède en effet pas un compte en banque sur l’île, et les envois se font en majorité par mandat cash.
Pour Yasmine Saïd, désormais Directrice commerciale de la société, ce progrès va dans le droit fil de la politique maison : « s’appuyer sur le maillage de nos 7 stations et en faire un lieu de vie, de commerce de proximité ». Les boutiques proposent d’ailleurs depuis l’année dernière les cartes rechargeables en électricité Ankiba.
Pour la société américaine MoneyGram cotée à la bourse de New-York, qui affiche 320 000 points de vente dans le monde, Mayotte n’est pas une grande première : « depuis 5 ans, nous étions présents à la BFC, qui a décidé d’arrêter », indique Thierry Delpech, directeur de MoneyGram sur l’océan Indien et l’Afrique.
Depuis, il a revu ses prix à la baisse, « 3,90 euros pour les sommes inférieures à 100 euros et par tranches au delà. Ce sont des prix imposés par la métropole et l’Europe ».
L’ambition avouée du duo est de concurrencer La Poste, opérateur « historique » à Mayotte pour le transfert de cash. « Nous proposons une amplitude horaire bien supérieure, l’ouverture les samedis et dimanche et du personnel formé depuis décembre », souligne Yasmine Saïd.
Le transfert de liquidité, un appui conséquent pour les pays receveurs
Lors du premier contact, le client devra se présenter avec une pièce d’identité, française ou non, les coordonnées du receveur et la somme d’argent qu’il compte envoyer : « depuis Mayotte, ce sont surtout les envois vers les Comores ou Madagascar qui sont opérés, plutôt que des retraits de liquidité. Bien que nous ayons déjà eu un cas d’envoi vers les Etats-Unis »
Le système est soumis à des contrôles, « nous pouvons demander la provenance des fonds s’ils sont trop importants », glisse Thierry Delpech.
Un système très implanté en Union des Comores, « avec 16 points de distribution dans des établissements bancaires, répartis sur le territoire. Sur 100 000 transactions annuelles, 70% viennent de la diaspora comorienne de Marseille, Nice ou de la Courneuve », explique Assoumany Aboudou, à la tête d’un réseau de microcrédit et partenaire de MoneyGram Comores
Ce partenariat avec Total Mayotte est un test pour les deux acteurs, « nous allons le généraliser à l’ensemble de l’Afrique où nous sommes présents, excepté les pays comme la Somalie sous embargo américain, puis à Madagascar puisque nous visons 500 points de vente dans l’ensemble de l’océan Indien ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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