Oui, des entreprises se montent et des emplois se créent sur ce territoire. Anfiat est la preuve d’une réussite simple, qui impacte sur le bassin d’emploi dans sa commune.
Lorsqu’Anfiat Abdallah Absoir parle de sa création d’entreprise, on a l’impression qu’il commente la météo du jour. Un ton neutre… non, ce qu’il a monté, c’est presque normal !
A 30 ans, il se sent un peu à l’étroit dans sa blouse de responsable de rayon charcuterie dans une grande surface de l’île, « j’avais depuis un an le projet de monter une boulangerie à Koungou avec ma femme ». Un concurrent s’est pourtant installé dans ce village quelques mois auparavant, « c’est pas un problème. J’ai observé le nombre de clients et je me suis dit qu’il y avait de la place pour deux ».
En novembre 2012, il dirige alors ses pas vers les établissements bancaires. Si la BRED lui ouvre les portes, ce n’est que pour un prêt personnel, l’homme n’a pas de diplôme de boulanger. A cela, il rajoute ses économies personnelles, en vendant son terrain et tous ses biens, « on a pris des risques », convient-il.
Il achète le matériel pour aménager boutique et arrière-boutique, qu’il loue, passe un contrat avec le vendeur de machine à pétrir en étalant les versements. Mais au démarrage, le financement manque, et il faut encore acheter la farine.
Deuxième boulangerie
« Je me suis alors tourné vers l’Adie, qui nous a prêté 5000 euros, puis 10 000 euros plus tard au regard de notre chiffre d’affaires ».
Deux ans après, Anfiat a fini de rembourser ses machines et a même ouvert une autre boulangerie à Longoni. Il a recruté. « J’ai maintenant six salariés, déclarés et aux SMIG ». Parmi eux, deux boulangers, car le pain est fait sur place, « les croissants et chocolatines je les achète à Panima par contre ».
Il s’offre même le luxe de ne plus passer par un importateur local pour sa farine, « je la fais venir par container de métropole, c’est moins cher ».
La boulangerie est ouverte de 5h30 à 22h, « c’est moi qui assure les deux dernières heures de la journée ».
Sans autre satisfaction que d’avoir monté une affaire avec sa femme, « c’est bien de travailler pour nous », il conclut simplement, « on avait tout vendu, maintenant on va pouvoir racheter ».
A midi ce jeudi, les clients s’arrachaient les viennoiseries et les petits pains dans la boulangerie Anfiat de Koungou.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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